Constructif. Le mot était sur toutes les lèvres, jeudi, à l'issue d'une première rencontre de négociations entre le gouvernement et l'opposition au sujet de l'épineux dossier des détenus afghans.

Après des mois de confrontation aux Communes, le ton a changé et les adversaires politiques semblent maintenant prêts à s'asseoir ensemble dans un esprit de collaboration, à la suite de la décision «historique» rendue par le président de la Chambre, Peter Milliken, mardi.Répondant à une question de privilège soulevée par les partis de l'opposition, M. Milliken s'est rangé de leur côté et a sommé le gouvernement de remettre aux députés libéraux, néo-démocrates et bloquistes les documents secrets concernant le transfert de prisonniers afghans, réclamés à grands cris depuis bientôt six mois.

Le président de la Chambre a ainsi donné deux semaines au gouvernement et à l'opposition pour s'entendre sur un mécanisme qui permettra aux parlementaires d'avoir accès aux documents, sans compromettre la sécurité nationale ou la sécurité des soldats canadiens en poste en Afghanistan, l'inquiétude première du gouvernement.

Dès le lendemain, mercredi, le premier ministre Stephen Harper a brandi la menace d'élections, ce qui a amené les partis de l'opposition à craindre un entêtement de la part des conservateurs.

Mais une première rencontre, jeudi, entre des représentants des quatre formations politiques à Ottawa a ravivé l'espoir d'en arriver à une solution.

«Plutôt encouragé»

«Je sors de cette discussion plutôt encouragé, a dit le leader libéral en Chambre, Ralph Goodale. La première impression, même si les choses peuvent changer, c'est que tous les partis, y compris le gouvernement et l'ensemble de l'opposition, semblent vouloir respecter non seulement le détail, mais aussi l'esprit de la décision du président.»

Même son de cloche au Bloc québécois et au NPD, qui se réjouissent du changement de ton.

«On est très satisfaits que les conservateurs aient entrepris la réunion sans l'attitude qu'on a vue jeudi en Chambre de la part du premier ministre, a souligné le député néo-démocrate Joe Comartin. Tous les partis de l'opposition ont maintenant davantage confiance qu'on aura une résolution sans avoir une autre bataille en Chambre.»

Les conservateurs de Stephen Harper ont été représentés à la rencontre par le leader en Chambre, Jay Hill, le ministre de la Justice, Rob Nicholson, et le whip du gouvernement, Gordon O'Connor.

«C'est dans un esprit d'ouverture que les ministres se sont rendus à cette première réunion qui visait à trouver un compromis, tout en respectant les obligations juridiques du gouvernement», a souligné le directeur des communications du premier ministre Harper, Dimitri Soudas, qualifiant la rencontre de «fructueuse».

Les députés et ministres ont convenu de se rencontrer de nouveau dès lundi. «Il est essentiel de faire vite», a conclu M. Goodale.