L'avenir de la mission canadienne en Afghanistan prend discrètement forme dans les corridors et l'arrière-scène de la colline parlementaire à Ottawa.

Les conservateurs et les libéraux discutent à voix basse du rôle du Canada en Afghanistan après le retrait des troupes canadiennes l'an prochain, a appris La Presse Canadienne.

Mais aucune conclusion ne peut être tirée de ces pourparlers discrets puisqu'il semblerait que les partis tentent davantage tirer les vers du nez de leurs opposants qu'autre chose.

Il y a deux ans, le Parlement a adopté une motion qui vise à mettre un terme aux opérations de combat à Kandahar d'ici juillet 2011. Mais cette dernière ne précise pas ce qu'il adviendra dans le reste du pays. Cependant, le premier ministre Stephen Harper n'a cessé de répéter que tous les soldats sans exception quitteraient l'Afghanistan, qui est ravagé par la guerre.

Mais au Parlement, plusieurs semblent voir les choses d'un autre oeil.

Par exemple, le sénateur conservateur Hugh Segal, qui a déjà été conseiller de Stephen Harper, témoigne que deux ou trois membres influents du Parti libéral l'ont approché pour connaître son opinion quant au dilemme afghan. Ces derniers se seraient dits plus qu'ouverts à l'idée de maintenir une présence militaire où les soldats participeraient à la formation de leurs confrères afghans.

Et le porte-parole en matière de défense, Ujjal Dosanjh, affirme que des conservateurs l'ont approché, tout naturellement, pour avoir une idée de la position de son parti sur l'Afghanistan. «Bizarrement, un conservateur m'a demandé: "où en êtes-vous?" Et ma réponse a toujours été: "regardez, arrivez-nous avec une proposition, et donnez-nous la"», a raconté M. Dosanjh.

Un autre libéral, bien placé dans la formation politique, a quant à lui souligné à La Presse Canadienne que le parti a «essayé d'être constructif, en tentant d'être clair vis-à-vis du gouvernement en lui répétant qu'il était ouvert aux discussions concernant la formation (en Afghanistan)».

Des doutes quant au retrait des troupes

Mais jusqu'à date, les libéraux ont été surpris par la rigidité du gouvernement Harper. D'ailleurs, le porte-parole du premier ministre, Dimitri Soudas, a écrit dimanche dans un courriel à La Presse Canadienne que la mission canadienne en Afghanistan cessera en 2011, «point final».

Mais la source libérale doute que la majorité des membres du caucus conservateur s'entendent pour le retrait complet des Forces canadiennes en Afghanistan. Un point de vue partagé par M. Segal, membre du comité sénatorial sur la sécurité et la défence, qui tente de définir le rôle du Canada après 2011.

M. Segal affirme que le bureau du premier ministre ne s'est pas objecté au travail du comité, ce qui, selon lui, représente un appui tacite de M. Harper à l'idée d'au moins explorer les options du Canada en Afghanistan.

Une autre membre du comité, la sénatrice conservatrice Pamela Wallin, affirme qu'elle a observé «une volonté réelle des personnes de tous les côtés du débat (...) pour chercher un terrain commun d'entente».

Le vice-président du comité extraordinaire des Communes sur la mission afghane, Bryon Wilfert, admet quant à lui qu'il y a eu des pourparlers informels entre les libéraux et les conservateurs. Il s'est cependant gardé de mettre une étiquette sur ceux-ci, soulignant par ailleurs qu'ils étaient «certainement pas formels».

Mais une chose est certaine, aucun des deux partis ne veut maintenir les troupes canadiennes à Kandahar pour poursuivre la guerre contre les insurgés.