Il est «possible» que des informations recueillies auprès de la police secrète de l'Afghanistan par le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) aient été obtenues par la torture d'insurgés transférés aux autorités afghanes.

C'est ce qu'a indiqué un membre du SCRS, mercredi, tout en précisant qu'il était illégal d'utiliser des renseignements qui pourraient avoir été soutirés à l'aide d'actes de torture.

Témoignant devant le Comité spécial sur la mission canadienne en Afghanistan, Michel Coulombe a raconté que son agence partageait de l'information avec la Direction nationale de la sécurité de l'Afghanistan (DNS).

Le DNS et d'autres organismes afghans sont visés par des allégations voulant que des prisonniers aient été torturés sous leur garde.

Interrogé à savoir si le DNS pourrait avoir obtenu de l'information par la torture de personnes détenues par les autorités afghanes, M. Coulombe a répondu: «C'est possible».

«Nous n'étions pas au courant des techniques utilisées pour obtenir de l'information.»

M. Coulombe a expliqué que le SCRS, advenant le cas où l'agence soupçonne qu'il y a eu de la torture, pouvait remonter jusqu'aux sources de renseignements et leur demander de quelle manière elles avaient obtenu les informations.

«En fin de compte, si un doute demeure, les directives sont telles que nous ne pouvons pas nous baser sur ces informations.»

M. Coulombe a précisé qu'un avertissement accompagnait continuellement ce genre d'information. Il s'agit d'une mise en garde avisant de ne pas utiliser cet élément de preuve, car il pourrait avoir été obtenu par la torture ou à l'aide de mauvais traitement.

Aussi, le SCRS ne semble pas avoir de scrupule à recourir à des sources pouvant parfois mettre la main sur des informations par la torture.

«Lorsque nous recevons de l'information d'une agence et que des doutes existent concernant le respect des droits de la personne, (...) cela ne signifie pas que toutes les informations reçues de cette agence ont été obtenues par la torture», a fait valoir M. Coulombe.

Le gouvernement canadien n'a jamais caché s'être tourné vers le DNS pour obtenir de l'information en Afghanistan.

Mercredi, Michel Coulombe a également révélé que le SCRS avait cessé d'interroger des insurgés capturés en Afghanistan il y a près de trois ans.

Il a précisé que son agence avait commencé à interroger des détenus en 2002, puis arrêté en octobre ou en novembre 2007, soit dès lors que l'armée canadienne a été capable d'effectuer ce travail par elle-même.

Par le passé, La Presse Canadienne avait rapporté que des agents du SCRS avaient commencé à aider les Forces canadiennes à interroger des insurgés capturés en Afghanistan en 2006.

Selon des sources et des transcriptions très censurées de témoignages remis à la Commission d'examen des plaintes concernant la police militaire, les espions canadiens travaillaient près d'une unité d'agents secrets de la police militaire.

M. Coulombe a affirmé que les interrogatoires avaient commencé avec le début de la mission en Afghanistan, avant que le Canada déploie ses soldats dans la province de Kandahar.

Michel Coulombe n'a pas précisé la nature des techniques employées par le SCRS durant les interrogatoires de prisonniers. Il a toutefois assuré que les espions avaient respecté les lois canadiennes.