La mort récente en Afghanistan de Craig Blake, premier marin canadien à avoir perdu la vie dans le pays dévasté par la guerre, donne un visage humain à l'un des emplois les plus dangereux au monde.

Le spécialiste de la neutralisation des explosifs et munitions retournait à un camp militaire situé au sud-ouest de Kandahar après avoir désamorcé un engin explosif improvisé, lundi dernier, lorsqu'une autre bombe du même type a éclaté, le tuant.

L'incident a rappelé «de façon tragique» aux opérateurs à la neutralisation des explosifs et munitions des Forces canadiennes les risques que posent une guerre menée contre un ennemi invisible, a indiqué l'un d'eux.

«C'était pas mal dur», a affirmé un sergent qui avait pris part à des séances de formation avec le maître de deuxième classe Blake, membre de l'Unité de plongée de la flotte canadienne, qui était basé à Shearwater, en Nouvelle-Écosse, et servait avec la Force opérationnelle 1-10.

«Nous sommes en deuil, mais il nous faut continuer le travail», a-t-il dit.

Pour des raisons de sécurité, l'identité des opérateurs à la neutralisation des explosifs et munitions n'est pas rendue publique par les responsables militaires. Mais quelques jours après la mort de M. Blake, trois d'entre eux, basés à Camp Nathan Smith, à Kandahar, ont fait visiter leurs installations.

Le site ressemble à un cimetière de fils électriques, d'obus et de bonbonnes saisis par les opérateurs avant d'avoir été désamorcés.

Les engins explosifs sont de tailles, de formes et de puissances différentes. Un peu de tout, incluant des seaux, des marmites et même des jouets, sert à la fabrication des bombes. La détonation de certaines est provoquée au moyen de dispositifs contrôlés à distance.

Et ces bombes sont disposées un peu partout. Il y a deux semaines, la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS) a annoncé que neuf engins explosifs improvisés avaient été découverts près d'une école pour enfants au village de Kuhak, dans la province de Kandahar. Trois d'entre eux se trouvaient carrément dans la cour d'école.

Les équipes de neutralisation des explosifs et munitions placées sous le commandement du Canada désamorcent en moyenne 750 engins explosifs improvisés par année en Afghanistan, selon des données fournies par les Forces canadiennes.

Quatre des cinq morts canadiennes déplorées depuis le début de l'année en Afghanistan ont été provoquées par l'explosion d'engins explosifs improvisés. En tout, 85 des 143 Canadiens morts en Afghanistan ont été victimes d'explosifs de ce type, ont indiqué les autorités militaires.