Le demi-frère cadet du président afghan Hamid Karzaï demande au Canada et aux autres membres de l'OTAN de ne pas se retirer du pays tant que le travail ne sera pas terminé.

Ahmad Wali Karzaï, qui préside le conseil provincial de Kandahar, a déclaré mardi qu'il est déçu que le Canada et les États-Unis aient annoncé des dates butoir pour leur retrait d'Afghanistan.

La mission militaire actuelle du Canada en Afghanistan doit prendre fin en juillet 2011.

M. Karzaï a remercié le Canada et le premier ministre Stephen Harper pour tout ce qui a été accompli, mais il a demandé aux Canadiens de rester encore un peu. Il a également demandé à M. Harper de réévaluer ses intentions de retrait.

«Nous espérons qu'il continuera à appuyer les Afghans, a-t-il dit lors d'un entretien accordé à La Presse Canadienne dans sa résidence somptueuse au coeur de la ville de Kandahar. Ceux que nous combattons ne sont pas seulement les ennemis de l'Afghanistan. Ils sont les ennemis du monde. Ils sont les ennemis de tous les êtres humains, donc ne nous abandonnez pas.

«Vous devez respecter vos engagements. Vous ne pouvez vous en aller en plein milieu (de la tâche), a-t-il ajouté. Vous devez compléter le travail et je ne pense pas que le travail soit terminé.

«Nous sommes patients. La communauté internationale est pressée. On ne peut pas bousculer les choses. Nous sommes confus face à la communauté internationale. Ils étaient unis quand ils sont arrivés ici -ils ne sont pas aussi unis au moment de quitter.»

M. Karzaï a prévenu que si les forces internationales quittent l'Afghanistan trop rapidement, tout ce qui a été accompli depuis neuf ans risque d'être perdu. Il a ajouté que des combattants étrangers provenant du Pakistan et d'Iran continuent à entrer régulièrement en Afghanistan.

M. Karzaï -qui est surnommé le «roi de Kandahar» en raison du puissant poste qu'il occupe dans le sud du pays- a soutenu que les talibans se proclament vainqueurs en raison du départ prochain des soldats internationaux, et qu'ils utilisent cet argument pour recruter de nouveaux membres.

«La communauté internationale a aidé leur recrutement -ils ont annoncé qu'ils s'en allaient, a-t-il expliqué. Les talibans disent déjà aux habitants de Panjwaï et de Zhari: «De quel côté êtes-vous? Joignez-vous à nous, nous gagnons». C'est une contribution importante à leur recrutement.»

M. Karzaï dit aussi douter que les forces de sécurité afghanes soient prêtes à combler le vide laissé par le départ des forces internationales. «Je pense que la situation se détériorera. Le pays reviendra à ce qu'il était au milieu des années 1990 et ce sera la même histoire. Tout ce que nous aurons accompli depuis neuf ans s'envolera en fumée», a-t-il prédit.

Ahmad Wali Karzaï est un personnage très controversé en Afghanistan. Des rumeurs lui reprochent depuis longtemps de profiter de ses liens familiaux pour s'enrichir, d'être à la solde de la CIA, voire de participer au trafic de drogue. Il réfute toutes ces accusations et demande à ses détracteurs de fournir des preuves.

«Je suis comme les épices dans un plat, a-t-il dit. Si on fait un plat sans épices, ça ne goûte pas bon -alors ils ajoutent un peu d'Ahmad Wali Karzaï dans l'histoire et tout le monde en mange. C'est ce que je suis: une bonne histoire.»