Le ministère canadien de la Défense a ouvert une enquête sur des opérations menées en Afghanistan par ses forces spéciales entre 2005 et 2008, alors qu'elles servaient sous commandement américain à Kandahar, a rapporté mardi le réseau CBC.

Une première enquête appelée Sand Trap 1 a été close il y a quelque mois, sans qu'aucune poursuite n'ait été entamée mais elle a conduit à une investigation plus large, Sand Trap 2, a indiqué à CBC le capitaine David Scanlon, de la marine canadienne.

Contacté par l'AFP, le porte-parole du ministre fédéral de la Défense, Peter MacKay, a refusé de commenter ces informations.

Selon le capitaine Scanlon, Sand Trap 2 a débuté en 2008 après qu'un membre des commandos canadiens eut dénoncé certains agissements d'un de ses frères d'armes. L'officier n'a toutefois pas précisé la nature des faits incriminés.

«C'est une affaire grave et je crois qu'elle souligne vraiment ce que nous disons depuis quelque temps: il se passe plus de choses là-bas (en Afghanistan) que ce qu'on nous dit», a réagi lors d'un point de presse le chef des députés libéraux à la Chambre des Communes, David McGuinty.

Les opérations menées par les forces spéciales canadiennes, appelées Force opérationnelle interarmées (FOI 2), sont en grande majorité gardées secrètes par Ottawa, qui a toutefois révélé dans le passé qu'elles faisaient partie de la traque des dirigeants d'Al-Qaïda et des talibans, note CBC.

La période couverte par les deux enquêtes porte sur les années 2005 à 2008, lorsque que la FOI 2 était rattachée au commandement des forces spéciales américaines basé à Kandahar, dans le sud-est du pays, là où sont déployés les 2800 soldats canadiens, poursuit la chaîne.

«Je trouve particulièrement angoissant que toute cette affaire ait été révélée par un membre de la FOI 2 qui, visiblement, si on se fie au reportage, se sentait assez responsable, ou a jugé (l'affaire) si grave, qu'il a décidé de rompre les rangs», a déclaré le libéral David McGuinty.

Selon CBC, la première enquête, «Sand Trap 1», portait sur la question des transferts aux autorités afghanes de détenus afghans arrêtés par les Canadiens.

Des médias et l'opposition canadienne ont maintes fois accusé les militaires canadiens d'avoir continué à transférer ces prisonniers tout en sachant qu'ils allaient être torturés.

Cette affaire avait failli entraîner la chute du gouvernement minoritaire de Stephen Harper au printemps dernier et le déclenchement d'élections anticipées.

L'enquête actuelle «est distincte et bien plus large», a dit à CBC le capitaine Scanlon.

Si tout cela est vrai, cela signifie que l'investigation avait lieu «au moment même où (le) ministre de la Défense (Peter MacKay) était régulièrement pressé de (partager) toute information en sa possession à propos des allégations de torture ou d'enquêtes en cours», a relevé M. McGuinty.