Le gouvernement Charest a autorisé hier le prêt nécessaire à la vente du Canadien à un groupe d'actionnaires dirigés par la famille Molson. Le Conseil des ministres a autorisé le prêt de 75 millions demandé à Investissement Québec (IQ). C'était la pièce qui manquait depuis des semaines à la conclusion du marché.

Hier après-midi, à la suite de la décision de Québec, George Gillett et l'acheteur principal de l'équipe, Geoffrey Molson, ont convoqué les médias à un point de presse ce matin à 8h30, au tournoi de golf annuel de l'organisation, à Laval-sur-le-Lac. Pierre Boivin, le président du club, compte aussi s'adresser aux médias.

Selon les informations obtenues par La Presse, l'ensemble des actionnaires qui participent à la transaction seront identifiés ce matin, mais leur poids relatif dans le capital ne sera pas précisé. «C'est une société privée», a-t-on fait valoir du côté des acheteurs. La part des actionnaires québécois sera d'environ 55%, a-t-on confié. Les principaux actionnaires sont connus déjà: la famille Molson, BCE et le Fonds de solidarité du Québec. La famille Thomson, propriétaire de RDS et de CTV, est aussi du groupe. Par la suite, on trouve une poignée d'actionnaires minoritaires dont Luc Bertrand, ancien président de la Bourse de Montréal.

Annoncée le 20 juin, la vente du club et du Centre Bell n'attendait que le feu vert de Québec. À la fin du mois d'août, La Presse a révélé que le gouvernement Charest devait allonger jusqu'à 75 millions - un prêt d'IQ en créance subalterne - pour assurer la conclusion de la vente du Canadien à la famille Molson. Avec une hypothèque de second rang, Québec exigera 1,25% de plus que les autres institutions prêteuses. La Ligue nationale exige que la moitié de la transaction s'appuie sur de l'équité. La transaction atteindrait 575 millions US.

Le changement de propriétaire risque de marquer la fin de la carrière de Pierre Boivin à titre de président du Canadien. M. Boivin n'a pas fait mystère de son départ à des proches. Il s'était rapproché d'un des acheteurs potentiels qui n'a pas été retenu. Au surplus, l'un des frères Molson, Geoffrey, a l'oeil sur la présidence du club.

En entrevue à CKAC hier, le patron de la Banque de Montréal, Jacques Ménard, qui avait eu le mandat d'amorcer la vente, a indiqué que George Gillett avait durant tout le processus tenu à ce que le CH passe à des intérêts majoritairement québécois. C'était du reste une des conditions de Québec pour consentir le prêt.

M. Ménard s'est fait mystérieux, se contentant de dire que la transaction se finaliserait au cours des prochaines semaines: «Je pense que ça se fera d'ici la fin du mois de septembre. Il faudra peut-être demander des précisions à M. Molson, qui devrait être au tournoi de golf du Canadien», a-t-il dit.

Jacques Ménard ne cachait pas sa satisfaction d'avoir réussi à ficeler cette entente - même si la Banque de Montréal s'est fait coiffer par la Banque Nationale au fil d'arrivée à titre d'institution prêteuse. «Ils (les Molson) ont des partenaires de qualité, qu'ils annonceront en temps et lieu. Je suis heureux que l'on ait réussi à trouver des propriétaires locaux. Je n'avais rien contre M. Gillett, qui a été un propriétaire fort responsable, comme l'est Bob Wetenhall avec les Alouettes. Ces gens-là ont honoré la profession», a souligné M. Ménard.

«Que George Gillett m'ait dit de privilégier des acquéreurs locaux, ça l'honore. Son intendance de cette institution qu'est le Canadien a été parmi les meilleures. C'est juste dommage qu'il n'ait pas pu se retirer avec la coupe Stanley. Quand je regarde le montage qui a été fait et l'appui des gouvernements, ça me rend fier. Mon métier s'exerce de différentes manières. Mais d'être associé à la pérennité d'une institution comme celle-là à Montréal, ça honore tous les gens qui ont travaillé avec moi à la BMO», a conclu M. Ménard.