La musique est partout dans la vie des cégépiens. Dans la maison avant de partir pour l'école. En route vers le cégep. Dans l'ordinateur ou directement dans les oreilles grâce aux baladeurs MP3. «Il y en a tout le temps, sauf quand je suis en cours», dit Audréanne Allard, 18 ans.

Écouter de la musique - surtout du rock, de la pop et du hip-hop - demeure l'activité culturelle no 1 des cégépiens sondés par La Presse: 87% disent le faire tous les jours ou presque. Notre enquête témoigne par contre de changements radicaux dans la façon de procéder.

D'après notre sondage, trois élèves sur quatre se servent de l'ordinateur principalement pour échanger, copier ou télécharger de la musique et pour en écouter sur des sites tels que MySpace et YouTube. «Les jeunes font beaucoup de choses à la fois quand ils utilisent l'ordinateur, confirme Marie-Claude Lapointe, sociologue et coauteure de L'enquête sur les pratiques culturelles publiée par le ministère de la Culture au mois de février. Le rapport à la musique change, notamment parce qu'on y a accès plus facilement.»

«On a une chanson en tête et on peut aller la chercher tout de suite, fait remarquer Audréanne Allard, utilisatrice de YouTube. On n'a pas besoin de la télécharger. On l'écoute une fois et on passe à une autre.»

Mauvaise nouvelle pour l'industrie du disque, 71% des cégépiens téléchargent régulièrement sans payer, et la vaste majorité achète moins de deux disques par année - 34% disent même n'en acheter aucun. Des statistiques qui tranchent avec les dernières études dont dispose l'ADISQ. «J'ai du mal à concilier ces données avec celles qu'un sondage Décima nous avait révélées en 2005», admet Solange Drouin, directrice générale de l'association.

Selon ce sondage Décima, les Québécois de 15 à 20 ans achetaient en moyenne 13 disques annuellement. Cinq ans plus tard, seulement 17% des cégépiens sondés par La Presse disent en acheter plus de cinq par année. Un écart sur lequel une récente étude du Kaiser Family Institute jette un peu de lumière: de 2004 à 2009, le nombre de jeunes Américains possédant un baladeur MP3 a plus que triplé, passant de 18% à 76%.

L'explosion du nombre de ces appareils a peut-être provoqué ce changement radical dans les habitudes des amateurs de musique. «Il faut tout le temps que j'aie mon iPod sur moi, sinon je me sens toute nue», révèle Gabrielle Séguin, elle aussi âgée de 17 ans.