Les États-Unis et leurs alliés dans la quête de sanctions «sévères» contre l'Iran espèrent avoir convaincu la Chine de les rejoindre, après des mois de tractations, et deux jours d'intense offensive diplomatique dans le cadre du sommet de Washington sur la sécurité nucléaire.

Il faut agir «avec audace et rapidement» pour forcer l'Iran à respecter ses obligations de non-prolifération, et «les États-Unis n'avancent pas seuls» sur ce terrain, a lancé le président Barack Obama lors de sa conférence de presse clôturant la réunion.

La Chine «va dans le bon sens», mais il n'est pas encore acquis qu'elle participe à des sanctions, avait estimé plus tôt Angela Merkel, tandis qu'une source dans l'entourage de la chancelière allemande assurait que les Chinois sont «plus ouverts» à l'idée de nouvelles sanctions.

L'Allemagne fait partie du groupe des Six tentant d'obtenir de l'Iran la transparence sur son programme nucléaire, au côté des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie).

Le ministre-adjoint des Affaires étrangères chinois, Cui Tiankai, a dit mardi que la Chine était prête à discuter des «nouvelles idées» sur la table, tout en assurant que Pékin continuait à privilégier le dialogue.

La Chine a accepté de discuter d'un projet américain de résolution, mais reste très prudente dans ses déclarations publiques vis-à-vis de Téhéran, l'un de ses principaux fournisseurs en pétrole.

Les Etats-Unis, de leur côté, ont exploité au maximum le sommet, qui réunissait 47 États et a accouché de l'engagement de sécuriser en quatre ans les matériaux fissiles, pour obtenir le soutien à leur projet de sanctions.

Barack Obama a commencé lundi soir par un entretien de 90 minutes avec son homologue chinois Hu Jintao.

«Les deux présidents sont d'accord pour que leurs délégations travaillent ensemble sur des sanctions» contre la République islamique, a déclaré après l'entretien Jeff Bader, le conseiller de la présidence américaine pour les affaires chinoises.

M. Obama a aussi convié le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, et le président brésilien Lula à une rencontre à trois mardi après-midi. Ces deux pays, membres non-permanents du Conseil de sécurité, sont pour l'instant opposés à des sanctions.

«La crédibilité internationale est en jeu» dans la tentative américaine d'aboutir à des sanctions à l'ONU, a argué mardi le porte-parole du département d'État, Philip Crowley.

Selon le blog américain spécialisé The Cable, citant une source présente à l'entretien, M. Obama aurait dit à son interlocuteur chinois espérer des progrès d'ici la fin avril.

Le président français Nicolas Sarkozy, fermement aux côtés de son homologue américain sur la question iranienne, a réclamé de son côté mardi des sanctions «en avril ou mai, pas plus tard».

D'après le New York Times, M. Obama s'est aussi engagé auprès de M. Hu à aider la Chine à maintenir son approvisionnement en pétrole si l'Iran décidait de cesser ses exportations en représailles à un soutien de Pékin à des sanctions.

«C'est entièrement faisable» avec l'appui de pays «comme l'Arabie saoudite, l'Irak et d'autres», a renchéri John Kerry, le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat américain.

L'argument énergétique est brandi depuis des mois par Washington pour convaincre la Chine.

En janvier à Paris, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton avait averti publiquement Pékin qu'un Iran doté de l'arme nucléaire déstabiliserait l'ensemble des pays producteurs du Golfe, et affecterait par ricochet les livraisons de brut à la Chine.