Jessica Milien a eu de la difficulté à dormir dans la nuit de mercredi à hier. «Je suis une admiratrice d'Obama et j'ai rêvé à ça toute la nuit: Obama vient aujourd'hui ! « Quand cette jeune femme noire d'une vingtaine d'années s'est rendue au travail, dans son kiosque de queues de castor du marché By, elle ne pensait quand même pas que ses rêves deviendraient réalité. Et pourtant! Vers 15h45, un agent de sécurité s'est approché et a poliment demandé l'une de ces pâtes frites et sucrées pour son patron : Barack Obama. Elle a jeté un coup d'oeil et de fait, une limousine attendait un coin de rue plus loin, et le 44e président des États-Unis était à côté. «On a choisi de lui apporter la queue de castor Obama. On a marché pour aller le voir et la lui donner «, a raconté Mme Milien, toujours sous le choc quelques minutes plus tard. «Wow! C'est ce qu'a dit le président en apprenant qu'une queue de castor avait été nommée en son honneur «, a-t-elle dit aux journalistes. La pâtisserie en question, qui a la forme d'une queue de castor, est recouverte de cannelle, d'un O en crème fouettée, de sirop de chocolat et de beurre d'érable. Le président n'a pas dit ce qu'il en pensait. Il s'est engouffré dans sa limousine et a filé vers l'aéroport . Il avait déjà 15 minutes de retard sur son horaire.

 

La sécurité sur les dents

C'est que cette virée était complètement inattendue : après sa rencontre sous haute surveillance avec le premier ministre Stephen Harper au parlement, M. Obama a tout simplement décidé d'aller prendre un bain de foule dans le quartier touristique et historique du marché By. Ce n'était pas prévu : le dispositif de sécurité n'avait pas été étendu jusque dans ce quartier adjacent à la colline parlementaire. Le président s'est promené en souriant, sous les regards inquiets des membres de son service de sécurité. Mais sa décision a fait des heureux. Les commerçants et clients qui lui ont parlé, serré la main ou vendu des articles avaient encore la voix qui tremblait d'émotion, une demi-heure après son passage. Adnan Utsun, gérant d'un petit kiosque de cadeau x , OXXO, brandissait fièrement le billet de 5$ avec lequel le président lui a acheté un porte-clés pour sa fille. Durant la campagne électorale, M. Obama a lancé une tradition en rapportant de ses voyages des boules de verre où flottent des flocons de neige et des porte-clés à ses enfants. « Je vais l'encadrer ! a lancé M. Atsun. J'aurais dû le lui faire signer. «

Barack Obama est entré par la porte de l'immeuble central du marché By placée devant le magasin OXXO. Après son achat, il s'est promené un peu, a serré des mains; des gens sont sortis des magasins pour l'applaudir et au moins une femme a pleuré. Il a même tenté d'acheter des biscuits au Moulin de Provence, une pâtisserie boulangerie. Mais le boulanger a refusé son argent. «Ce n'est pas pour vous! C'est pour vos filles ! « a-t-il lancé en lui donnant le sac. Au restaurant Jhafali, un petit espace en face du kiosque d'Adnan Utsun, Shahap Uddin n'en revenait toujours pas. «Je lui ai serré la main ! Je lui ai serré la main ! « a-t-il lancé fièrement. Le plus étrange, dit-il, c'est que sa femme lui avait dit le matin même qu'ils devraient apporter leur appareil photo, «au cas où Obama viendrait «. «Mais nous avons dit : Bah, il ne viendra pas ! « Adnan Utsun aussi avait eu une prémonition. «Je parlais à mon ami ce matin et je lui ai dit : Obama, peut-être qu'il va venir dans notre immeuble ! J'ai vu dans les journaux qu'il était allé au McDonald's, un jour, alors je me suis dit pourquoi pas? On riait. On a dit: Ça ne se peut pas... Et pourtant ! «