L'armée israélienne a continué de bombarder des objectifs dimanche à Gaza après avoir averti d'une prochaine intensification de son offensive qui a coûté la vie à plus de 850 Palestiniens en seize jours.

Malgré le nombre croissant des victimes et les destructions, le chef en exil du Hamas qui contrôle la bande de Gaza, Khaled Mechaal, a rejeté dans un discours pugnace toute négociation d'une trêve «sous le feu».

Ignorant la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU (1860) appelant à un cessez-le-feu immédiat, l'armée israélienne a continué ses bombardements sur Gaza où au moins 28 personnes ont péri samedi dont un responsable militaire du Hamas chargé des tirs de roquettes, selon des sources médicales palestiniennes.

Dimanche avant l'aube, elle a mené des raids aériens et bombardé à l'artillerie des objectifs dans le territoire palestinien, tuant trois personnes et blessant des dizaines d'autres, selon des sources médicales.

Un médecin palestinien, le Dr Youssef Abou Rich, a affirmé que l'armée utilisait des bombes au phosphore blanc, des munitions controversées. Mais l'armée a catégoriquement démenti.

Selon un correspondant de l'AFP, l'artillerie a violemment bombardé les quartiers de cheikh Ajlin et Zeitoun dans la ville de Gaza ainsi que des secteurs du nord-ouest du territoire.

Les mouvements Hamas et Jihad islamique ont affirmé que plusieurs personnes avaient été blessées dans des combats entre combattants et soldats à la limite de cheikh Ajlin. Les combattants placent des bombes en bord de route pour tenter d'empêcher l'avancée des chars dans ce quartier, selon eux.

La veille, l'aviation israélienne a largué des milliers de tracts sur Gaza avertissant la population d'une prochaine «intensification des opérations contre les tunnels, les dépôts d'armes, et les terroristes dans toute la bande de Gaza».

Le Hamas «a subi un coup sévère et nous devons continuer jusqu'à ce que le calme règne dans le sud» d'Israël, a dit un porte-parole de l'armée, le commandant Jacob Dallal, en référence aux tirs de roquettes, assurant également que les capacités militaires du Hamas avaient été réduites.

Mais quelques heures plus tard, dans un discours à la télévision publique syrienne, M. Mechaal, basé à Damas, a affirmé que l'armée israélienne n'avait «atteint aucun de ses objectifs».

«Nous n'acceptons pas de négocier d'une trêve sous le feu dirigé contre nous», a-t-il ajouté en réclamant «en premier la fin immédiate de l'agression, puis le retrait immédiat des forces ennemies de Gaza et ensuite la levée du siège de Gaza».

Selon un dernier bilan du chef des services d'urgence palestiniens Mouawiya Hassanein, au moins 854 Palestiniens ont été tués, dont 270 enfants et 98 femmes et des dizaines d'autres civils, et plus de 3 490 blessés depuis le début de l'offensive le 27 décembre.

Côté israélien, trois civils et 10 soldats ont été tués durant la même période, selon l'armée.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué 550 combattants palestiniens depuis le début des opérations, 250 durant la phase des raids aériens et 300 lors de l'offensive terrestre.

Sur le front humanitaire, l'Agence de l'ONU d'aide aux réfugiés palestiniens (Unrwa) a annoncé une reprise imminente de la distribution d'aide humanitaire, disant avoir reçu de la part d'Israël «des assurances crédibles que la sécurité des personnels de l'ONU» serait «pleinement respectée».

«La situation des civils devient de plus en plus précaire», a averti pour sa part la Croix-Rouge internationale.

Un million de personnes vivent sans électricité dans ce territoire pauvre et surpeuplé, 750 000 sont sans eau et les hôpitaux fonctionnent grâce à des générateurs de secours, selon l'ONU.

La décision de poursuivre la guerre a été prise vendredi par le cabinet de sécurité. Le Premier ministre Ehud Olmert a jugé la résolution de l'ONU «inapplicable» en raison de la poursuite des tirs de roquettes.

Les combattants palestiniens ont encore lancé 13 roquettes samedi sur le sud d'Israël blessant quatre personnes, selon l'armée. L'objectif déclaré de l'offensive est de détruire les capacités du Hamas à lancer des roquettes et à faire entrer clandestinement des armes à Gaza via la frontière avec l'Egypte.

Entretemps, les efforts diplomatiques continuent de même que les manifestations dans plusieurs capitales du monde pour réclamer l'arrêt de l'offensive israélienne.

Au Caire, où se trouvait le président palestinien Mahmoud Abbas, une délégation du Hamas devait poursuivre ses discussions sur l'initiative du président Hosni Moubarak.

Ce dernier a proposé un plan prévoyant «un cessez-le-feu immédiat pour une période limitée», permettant l'établissement de couloirs humanitaires et laissant le temps à l'Egypte d'oeuvrer pour un cessez-le-feu «global et définitif».

M. Abbas, qui n'exerce aucun contrôle à Gaza d'où il a été délogé par le Hamas en 2007, a exhorté ce mouvement à accepter le plan égyptien et appelé au déploiement d'une force internationale à Gaza chargée de protéger les civils, ce que le Hamas rejette.