Le Canadien Omar Khadr, condamné pour crimes de guerre, tentera d'obtenir la clémence du tribunal afin de quitter plus rapidement sa cellule de la prison de Guantanamo Bay et de rentrer au Canada, a appris La Presse Canadienne.

Une demande en ce sens, dont les conséquences peuvent aller de l'acquittement pur et simple à la réduction de la peine de huit ans, devrait être présentée devant la direction des commissions militaires d'ici quelques semaines.

Dans une entrevue accordée de Memphis, au Tennessee, l'avocat de Khadr nommé par le Pentagone, le lieutenant-colonel Jon Jackson, a confirmé mercredi que l'équipe de défense du jeune Canadien met la touche finale à la demande de clémence. Celle-ci devrait être déposée d'ici deux semaines, et une décision devrait suivre peu de temps après.

«Nous n'avons pas pris de décision finale sur ce que nous allons demander», a déclaré Me Jackson, mercredi.

«Nous sommes actuellement en train de déterminer les sections de la loi auxquelles nous allons nous référer.»

En octobre dernier, le jeune homme de 24 ans originaire de Toronto a plaidé coupable à cinq accusations de crimes de guerre, incluant un meurtre en violation des règles de la guerre, en lien avec la mort d'un soldat américain en Afghanistan en juillet 2002.

Un jury militaire a ensuite condamné Khadr à 40 ans de prison, mais le juge a réduit cette peine à huit ans, dont une seule année supplémentaire à Guantanamo, dans le cadre d'une entente juridique négociée entre les parties.

En vertu du système judiciaire militaire américain sur lequel les commissions sont basées, la haute magistrature - l'amiral Bruce MacDonald dans cette affaire - a des pouvoir quasi-présidentiels en ce qui concerne le sort de Khadr.

Bien que Khadr ait plaidé coupable, le juge pourrait aller aussi loin que d'écarter complètement la condamnation sur n'importe quel, voire l'ensemble des cinq crimes de guerre.

Les détracteurs des commissions militaires ont longtemps affirmé que l'accusation de meurtre en violation des règles de la guerre - la plus sérieuse condamnation envers Khadr - n'a pas d'équivalent en droit international.

Ces mêmes détracteurs étaient également fortement opposés à la poursuite contre Khadr, qui était âgé de 15 ans à l'époque de ses crimes, et a été détenu à la base militaire de Guantanamo depuis octobre 2002.

Une peine réduite aurait un effet sur la capacité de Khadr d'obtenir une libération conditionnelle une fois qu'il retournera au Canada pour purger le reste de sa sentence.

«C'est très important», a précisé M. Jackson.

La décision de l'amiral MacDonald serait finale et ne pourrait être portée en appel.

En attendant, Khadr demeure emprisonné dans sa cellule à sécurité maximale pendant environ 18 heures par jour, mais a droit à une période de récréation en compagnie de deux autres détenus.

Il passe la majeure partie de son temps à étudier la grammaire, l'histoire, l'astronomie et d'autres matières scolaires, chose que son avocat a qualifiée d'encourageante pour les perspectives d'avenir du jeune homme.

Les avocats de Khadr ont expliqué que celui-ci avait accepté de plaider coupable, puisque c'était le moyen le plus rapide de sortir de Guantanamo.

Les avocats maintiennent que le juge de la commission militaire, le colonel Patrick Parrish, avait fait des erreurs lors du procès et qu'un témoignage-clé d'un expert était erroné.