La société de lobbying de Rick Davis, directeur de la campagne du candidat républicain à la Maison-Blanche John McCain, a reçu de l'argent de Freddie Mac, l'organisme de refinancement hypothécaire dont la débandade a contribué à la crise financière, affirme mercredi le New York Times.

Cette affaire tombe mal pour le sénateur de l'Arizona alors que la crise financière est devenue un thème majeur de la campagne présidentielle.Selon le New York Times, la société de lobbying dirigée par M. Davis, Davis Manafort, a reçu 15 000 dollars par mois de la part de Freddie Mac. Ces paiements auraient continué jusqu'avant la mise sous tutelle de cet organisme, en août.

Citant deux sources anonymes, présentées comme proches de l'affaire, le New York Times affirme que la société de lobbying de M. Davis a reçu au total 500 000 dollars depuis 2005 pour des activités de consultant. Le directeur de campagne de M. McCain avait annoncé avoir pris congé de son entreprise en 2006. Mais il en est resté actionnaire, et a continué à toucher des dividendes.

Selon le New York Times, Freddie Mac a continué à verser de l'argent à la société de Rick Davis, sachant que celui-ci serait en bonne position pour influencer John McCain après son élection éventuelle à la Maison Blanche.

L'équipe de campagne de M. McCain a vigoureusement démenti les informations du New York Times. «C'est faux», a-t-elle indiqué, accusant au passage le vénérable quotidien new-yorkais d'être pro-Obama.

Le magazine Newsweek a confirmé les informations du New York Times, ajoutant que Rick Davis avait auparavant reçu près de 2 millions de dollars entre 2000 et la fin 2005 en tant que président de la Homeownership Alliance, un groupe de conseil créé par Freddie Mac et Fannie Mae pour protéger leur statut particulier.

Quand ce groupe a été dissous, la société de conseil de M. Davis aurait demandé à travailler directement avec Freddie Mac. Citant des sources anonymes au sein de Freddie Mac, Newsweek explique que la demande de M. Davis a été approuvée en 2006 «parce qu'il était le directeur de campagne de John McCain et qu'on nous a fait comprendre qu'on ne pouvait pas dire non».

«Il est clair désormais que ni John McCain, ni Rick Davis n'ont dit la vérité à propos des relations financières continuelles de Davis avec Freddie Mac», a affirmé Dan Pfeiffer, directeur de la communication de la campagne Obama, jugeant par ailleurs «troublant» que la société de M. Davis ait continué à recevoir de l'argent de Freddie Mac jusqu'au mois dernier «pour peu de travail et seulement, apparemment, en raison de ses liens avec la campagne McCain».

Le camp républicain s'est empressé de minimiser les liens entre la campagne de McCain et les géants du refinancement hypothécaire. Rick Davis avait assuré lundi qu'il n'avait jamais travaillé directement pour Fannie Mae (un autre organisme de financement hypothécaire) et Freddie Mac.

Ces derniers jours, les républicains ont tenté de lier l'équipe de campagne démocrate au fiasco des organismes de refinancement. L'état-major de John McCain a notamment accusé Jim Johnson et Franklin Raines, deux anciens hauts responsables de Fannie Mae et partisans d'Obama, d'avoir bénéficié de parachutes dorés. M. Johnson, qui travaillait pour l'équipe démocrate, a démissionné alors que M. Raines a démenti avoir conseillé le candidat démocrate.