Les dernières semaines ont été marquées par deux décisions inattendues de la part de John McCain: choisir Sarah Palin comme colistière, et reporter le premier débat présidentiel pour travailler à la sauvegarde de l'économie.

Chaque fois, ces décisions sont survenues au moment où sa campagne piquait du nez dans les sondages.

Cette semaine, McCain a pris la décision de mettre sa campagne en suspens alors qu'Obama venait de fracasser la barre des 50% dans les intentions de vote, selon un sondage mené par le Washington Post.

 

Ce sondage donnait 52% des intentions de vote à Obama et 43% à McCain. Le seuil des 50% est symbolique: ni Al Gore ni John Kerry n'avaient réussi à l'atteindre durant les sondages menés par le Washington Post en 2000 et 2004.

Pour McCain, cela constituait un revers saisissant: 10 jours plus tôt, c'est lui qui menait dans la quasi-totalité des sondages nationaux, dans la foulée de la nomination de Sarah Palin. La gouverneure d'Alaska a joui de beaucoup de temps d'antenne, et son charisme a paru électriser l'électorat.

Depuis, la lune de miel semble avoir pris fin. Le nombre d'électeurs indécis ayant une opinion favorable de Sarah Palin est passé de 83% au lendemain de sa nomination à 65% aujourd'hui. Ceux qui ont une opinion défavorable sont passés de 13% à 29%.

À la lumière des premières entrevues de Mme Palin, cette tendance semble appelée à se poursuivre. Dans une entrevue avec la journaliste Katie Couric, mercredi, Sarah Palin a été incapable de donner un exemple où John McCain s'est battu pour que Wall Street soit soumise à des règles plus sévères, comme elle l'avait laissé entendre quelques secondes plus tôt.

«Je vais faire mes recherches et vous revenir avec la réponse!» a dit Palin à la journaliste impassible, une réponse qui a été reprise en boucle sur les grands réseaux.

Un pari osé

La grande question du jour: la volte-face de McCain sur l'économie se traduira-t-elle par une hausse dans les sondages?

Certains commentateurs ne sont pas impressionnés. «McCain suspend sa campagne à cause de la crise financière? De grâce, a écrit Joe Klein, du magazine Time. Les sondages montrent qu'il pique du nez. Cela ressemble à une combine pour lui donner l'air d'un homme d'État, ce qui est assez difficile à faire compte tenu de la campagne puérile qu'il mène jusqu'à présent.»

Or, la stratégie pourrait s'avérer payante. McCain semble vouloir se positionner comme un leader sûr de lui, un rôle qui pourrait lui donner du tonus si la crise se résolvait sous sa conduite. Les Américains n'aiment rien de mieux qu'un homme fort qui se bat pour faire cesser le gaspillage de fonds publics à Washington...

Jusqu'ici, toutefois, le public paraît surtout intéressé par la question du débat de ce soir, au Mississippi. McCain y sera-t-ilira-t-il? Depuis le début de la campagne, les républicains ont pris soin de toujours répondre aux discours d'Obama. Ce soir, il serait étonnant qu'ils lui laissent toute la scène - et des dizaines de millions d'auditeurs à la clé.