Les attaques ont été nombreuses et les répliques, parfois assassines. Au final, le premier débat Obama-McCain a montré deux candidats prudents aux styles forts différents, qui défendent les politiques chères à leurs partis respectifs.Le débat portait sur la politique étrangère, mais ce sont les questions économiques qui ont ouvert le bal.

McCain s'est présenté comme un partisan de la réduction de l'impôt et des dépenses gouvernementales. « Washington ne fonctionne plus efficacement, et j'ai l'intention de changer cela, a-t-il dit. Barack Obama compte dépenser 800 milliards en nouveaux programmes. C'est incroyable. Il est le membre le plus libéral du Sénat. »

Barack Obama a parlé de l'importance de réduire l'impôt des familles de la classe moyenne et d'investir dans l'éducation et dans les énergies renouvelables.

« Il faut résoudre la crise actuelle, mais il faut aussi changer Washington et Wall Street pour que cette situation ne se reproduise plus », a-t-il dit durant la soirée, qui avait lieu à l'Université du Mississippi à Oxford.

Le passage sur l'Irak a été particulièrement tendu, chaque candidat accusant l'autre d'avoir manqué de jugement dans le passé sur différents aspects de la guerre. Encore là, McCain était en mode offensif. Il a accusé Obama d'avoir voté pour la réduction des fonds alloués aux troupes, ce que le candidat a nié vigoureusement.

McCain s'est montré abrasif à quelques reprises, traitant indirectement son adversaire de « Miss Congeniality » (Miss Personnalité), en référence à sa popularité. Il a pris soin d'étaler sa vaste expérience et de souligner qu'il a l'habitude de composer avec des crises internationales.

Le modérateur, Jim Lehrer, a tenté d'encourager les candidats à débattre entre eux. Ils se sont montrés réticents à le faire, préférant souvent s'adresser à la caméra.

Obama a semblé présenter une vision plus claire pour l'avenir du pays en matière d'énergie, d'éducation, d'assurance santé. McCain a davantage parlé de l'importance de stimuler le marché et de réduire le fardeau fiscal des entreprises, une politique chère aux républicains.

McCain n'a pas expliqué publiquement pourquoi il avait décidé à la dernière minute de participer à la soirée. La veille encore, son équipe affirmait qu'il n'irait pas au débat si la crise financière n'était pas réglée.

Obama jouit d'une hausse de sa cote de popularité dans les sondages d'opinions depuis près de deux semaines. Sur le plan national, il devance McCain de 3 à 4 points en moyenne. Or, la politique étrangère n'est pas son point fort. Les événements chaotiques des derniers jours ont empêché Obama de se consacrer à la préparation du débat comme il aurait souhaité le faire. Les sondages montrent que McCain est perçu comme le favori dans le dossier de la politique étrangère.

Journée mouvementée

Le débat est survenu au terme d'une journée mouvementée, qui a été marquée par l'annonce en matinée de la participation de McCain à la joute oratoire. Sur place, au Mississippi, des journalistes ont rapporté que le pari avorté de McCain n'avait pas plu aux organisateurs du débat et aux spectateurs, et que l'ambiance dans le camp républicain était « chaotique ».

Durant la journée, des assistants de McCain ont fait la tournée des chaînes de télé pour tenter d'expliquer la volte-face du candidat. Sur la chaîne MSNBC, la porte-parole républicaine Nicole Wallace a dit que McCain était satisfait des progrès des discussions à Washington, ce qui lui a permis de participer au débat.

Le directeur de la campagne d'Obama, David Axelrod, a repoussé cette explication d'un revers de main. « Ce n'est certainement pas la première fois que des gens à Washington disent «mission accomplie» avant que la mission ne soit accomplie », a-t-il dit.