John McCain a joué un coup de poker en suspendant sa campagne électorale pour se consacrer à la crise financière, mais, au vu des sondages, le candidat républicain à la Maison Blanche n'en a pas tiré les dividendes politiques escomptés face à son rival Barack Obama.

«Demain matin, je suspends ma campagne et je rentre à Washington» afin de participer aux négociations sur le plan de sauvetage de 700 milliards de dollars en faveur des banques, avait lancé le sénateur McCain mercredi, pariant que l'électorat lui serait reconnaissant de faire passer l'intérêt du pays avant les élections.

Pour enfoncer clou, son entourage a reproché à M. Obama de poursuivre sa campagne. «Le sénateur McCain fait une fois de plus passer le pays en premier alors que le sénateur Obama pense que lui-même passe avant le pays», a dénoncé jeudi Steve Schmidt, un des responsables de la campagne républicaine.

John McCain a laissé planer le doute jusqu'à vendredi midi sur sa participation au premier débat télévisé contre M. Obama, qui avait lieu dans la soirée.

Mais sa stratégie n'a apparemment pas payé.

Dans le dernier sondage quotidien Gallup publié dimanche, le démocrate Barack Obama devance désormais John McCain avec 50% des intentions de vote contre 42%. Le sondage a été effectué samedi, au lendemain du débat télévisé.

Selon le site internet fivethirtyeight.com, spécialisé dans la compilation de sondages, M. Obama est en tête aujourd'hui dans toutes les enquêtes et remporterait l'élection si elle avait lieu ce jour avec une avance de 4,2 points.

La campagne n'a pas empêché M. Obama de participer jeudi à une réunion à la Maison Blanche avec M. McCain et d'autres responsables du Congrès autour du président Bush pour tenter de parvenir à un accord sur le plan de sauvetage.

«Je pense qu'il est parfaitement possible de faire plus d'une chose à la fois, cela fait partie des conditions requises pour qui souhaite devenir président des Etats-Unis», a observé le candidat démocrate. «J'ai pu parfaitement participer aux négociations financières par téléphone».

Au cours des derniers jours, le candidat républicain s'est montré soucieux de défendre les intérêts des contribuables dans ce dossier coûteux. Mais son irruption dans les couloirs du Capitole jeudi a brouillé son image et provoqué de vives critiques de la part de ses collègues de la majorité démocrate, mais aussi de la part des républicains.

Dans un entretien dimanche avec la chaîne de télévision ABC, il a reconnu qu'il était difficile de ne pas voter de plan de sauvetage. «L'option de ne rien faire n'est tout simplement pas acceptable», a-t-il déclaré.

Après le débat télévisé, John McCain a rapidement réintégré ses bases dans la banlieue de Washington. Son entourage a fait savoir qu'il n'avait pas quitté pendant le week-end son quartier général de campagne d'Arlington, près de Washington, d'où il a consulté par téléphone ses collègue du Congrès, et aussi le secrétaire au Trésor Henri Paulson et le président de la Fed Ben Bernanke.

Le candidat tente de gagner du crédit sur les questions économiques pour lesquelles M. Obama est considéré comme plus au fait. Lors du débat télévisé, ce dernie n'a pas manqué de rappeler l'affirmation de John McCain selon laquelle les «fondements de l'économie sont solides», faite juste après le dépôt de bilan de la banque Lehman Brothers.