En ouvrant la télé, mercredi soir, des millions d'Américains ont vu un Barack Obama confiant, assis derrière un bureau sobre. Ils l'ont aussi vu en plein air, l'air détendu, le regard porté vers l'avenir. Puis le candidat est apparu en train de discuter avec des citoyens inquiets.

Barack Obama a acheté 30 minutes de temps d'antenne sur CBC, NBC et Fox, trois des plus grands réseaux aux États-Unis. Il y a diffusé un documentaire sur sa vie, ses politiques et sur les défis qui attendent le prochain président. À la fin du clip, Obama a fait une apparition en direct, depuis un rassemblement partisan en Floride.

Selon les analystes, cette infopub aurait coûté 4,5 millions US à sa campagne. Le camp démocrate a estimé que le jeu en valait la chandelle : Obama a besoin de « conclure la vente » et convaincre les indécis d'ici le jour du vote.

L'achat de temps d'antenne coûteux est-elle une stratégie payante pour Obama ? La plupart des analystes estiment que oui.

« C'est comme au football, a dit le stratège républicain Alex Castellanos. Les gens peuvent bien se plaindre que l'équipe en avance continue de marquer des points tout juste avant la fin du match. Mais au bout du compte, c'est quand même cette équipe qui gagne. »

Jim Jordan, stratège pour le camp d'Obama, a expliqué que l'infopub a pour objectif de convaincre les électeurs indécis, qui attendent la fin de la course pour faire leur choix.

« Il y a un segment discret de l'électorat, principalement des femmes, qui se décide sur le tard. Elles sont préoccupées par les élections, mais sont très, très occupées. À 10 jours de la fin, elles se mettent à s'informer, à chercher. C'est un bon moment pour présenter ses politiques. »

Au final, cette démonstration de force cadre bien avec le message qu'Obama martèle depuis des jours : les démocrates ne doivent rien tenir pour acquis. Tout peut arriver d'ici le 4 novembre.

La stratégie d'Obama semble être d'avoir le plus de visibilité possible d'ici le jour du vote. Hier, en plus de l'infopub, le candidat a donné une entrevue réseau ABC qui sera diffusée aujourd'hui, et une autre à Jon Stewart, animateur du Daily Show, une populaire émission humoristique. Il devait aussi apparaître aux côté de Bill Clinton en fin de soirée.

John McCain a moins d'argent qu'Obama, et ne pouvait se payer une intervention télévisée. Les républicains s'y prennent autrement pour faire passer leur message : depuis le début de la semaine, par exemple, plus de 350 000 DVD ont été envoyés aux électeurs des États clés. Les DVD contiennent un « documentaire » qui accuse Obama d'être un « socialiste » et d'avoir frayé avec des terroristes.

Signe que sa candidature est en difficulté : depuis hier, la campagne de McCain paye pour faire des appels téléphoniques automatisés aux électeurs... d'Arizona, l'État où réside le candidat. Les derniers sondages en Arizona ne donnent plus qu'une avance de deux points de pourcentage à McCain. Un revirement incroyable, dont les républicains se seraient bien passés.