Le prix Nobel de chimie 2009 a été décerné mercredi à deux Américains, Venkatraman Ramakrishnan et Thomas Steitz, et une Israélienne, Ada Yonath, pour leurs travaux sur les ribosomes, les usines à protéines du corps humain, ouvrant la voie à de nouveaux antibiotiques.

Les trois scientifiques sont récompensés pour avoir réalisé une carte détaillée du ribosome, une machine moléculaire à l'intérieur des cellules qui «lit» l'ARN messager, sorte de calque de l'ADN, et utilise le code génétique pour fabriquer des protéines, l'élément de base de tous les êtres vivants.Ces modèles en trois dimensions, publiés en 2000, sont maintenant utilisés par les scientifiques pour développer de nouveaux antibiotiques, «aidant directement à protéger la vie et à faire diminuer les souffrances de l'humanité», observe le comité Nobel.

L'Israélienne Ada Yonath, 70 ans, est la quatrième femme à recevoir le prix Nobel de chimie, la première étant Marie Curie en 1911.

«J'étais chez ma fille en Israël et la première réaction a été celle d'une joie débordante. Elle était si heureuse que ma joie a été décuplée», a expliqué la lauréate par téléphone à la presse peu après l'annonce.

Elle a expliqué qu'au début de ses travaux, elle ne s'attendait pas à ce qu'ils aient une telle application pratique médicale.

Les antibiotiques actuels soignent toutes sortes de maladies en bloquant les fonctions de ribosomes bactériens.

«Sans ribosome en état de fonctionner, la bactérie ne peut pas survivre. C'est pourquoi les ribosomes sont une cible si importante pour les nouveaux antibiotiques», souligne le comité Nobel.

L'Américain Thomas Steitz, 69 ans et enseignant à l'université américaine de Yale (nord-est), a fondé une entreprise pharmaceutique en 2001 pour exploiter les découvertes.

«J'étais en train d'aller à la gym, mais heureusement la personne qui m'a appelé de Stockholm m'a dit que je ferais mieux de ne pas y aller, qu'il y allait avoir des coups de téléphone», a-t-il expliqué par téléphone à la radio suédoise.

Venkatraman Ramakrishnan, né en Inde en 1952 et qui enseigne à Cambridge en Grande-Bretagne, a souligné que les lauréats du Nobel n'étaient que «les capitaines de l'équipe», dont les efforts de recherche ont été renforcés par de nombreux étudiants en thèse.

Dans chaque catégorie, le prix Nobel est accompagné d'une récompense de 10 millions de couronnes suédoises (1,527 million de dollars canadiens) à partager entre les lauréats.

La saison des prix Nobel, remis depuis 1901 en mémoire de l'industriel suédois Alfred Nobel, a débuté lundi avec la remise du prix de médecine à un trio composé de deux Américains et d'une Australo-américaine pour leurs travaux sur la protection des cellules du vieillissement par les télomères et l'enzyme télomérase.

En physique, le prix a été décerné mardi au pionnier de la fibre optique Charles Kao (Etats-Unis/Royaume Uni) ainsi qu'au duo George Smith (Etats-Unis) et Willard Boyle (Canada/Etats-Unis) pour leur invention d'un capteur révolutionnaire pour l'image numérique.

Suivront les très attendus prix de littérature jeudi et de la paix vendredi, ainsi que le prix d'économie, remis par la banque de Suède lundi.