Si Guillaume Wagner a remporté l'Olivier de la découverte de l'année et s'il a été la révélation du Festival Juste pour rire en 2011, il le doit à son travail, à son originalité et à cette espèce d'arrogance sympathique qu'il dégage, l'air de dire: «Je vous préviens la gang, j'ai des jokes raides, ça fesse, prenez-le pas personnel, mais je vais vous dire les vraies affaires!»

Son style direct, voire désagréable, pour critiquer notre côté superficiel et sa façon d'appeler un chat un chat plaisent beaucoup. Sa popularité est montée en flèche en 2011. On l'a constaté cet automne quand son producteur (Avanti) a mis en vente les billets de son futur spectacle selon le concept Beat the clock.

Le principe est simple. Les billets ont été vendus à 17,17$ le 17 octobre dernier et ils augmentent d'un dollar le 17e jour de chaque mois jusqu'à la première, le 17 octobre 2012.

Avec ce concept appliqué sur internet, il a déjà rempli deux fois le Théâtre St-Denis 2 (les 17 et 18 octobre 2012) et des séances supplémentaires sont prévues les 15 et 16 mars 2013. Le succès est tel que Beat the clock s'applique aussi pour ses spectacles de Laval (les 10 et 11 juillet 2012), Magog (du 24 au 28 juillet 2012) et Brossard (le 11 novembre 2012).

«Avant de lancer le show, je ne me rendais pas compte que ça avait changé, dit-il en entrevue. Je me disais que ça serait relax, un début de carrière normal! Mais dès qu'on a lancé les billets, je me suis dit: «Bon, il faut que je travaille, là!»»

Le public de Guillaume Wagner est jeune. «Je suis un succès internet, dit-il. Les plus vieux, il faut que je travaille fort pour les séduire, car, quand tu déroges à leur vision de l'humour, ils ne sont plus à l'aise. Les jeunes veulent du nouveau. Mon humour, c'est juste du risque.»

Il dit faire partie d'une nouvelle vague d'humoristes. «Vous allez le voir plus tard, mais je pense que je suis le premier d'une autre génération d'humoristes à percer, comme Adib Alkhalidey ou Simon Gouache. Une autre manière de faire de l'humour. Un peu plus organique, un peu plus vraie.»

Guillaume Wagner croit que ce genre d'humour n'a rien à voir avec celui d'un Louis-José Houde ou d'un Patrick Groulx. «Eux sont stricts, professionnels, sur un rythme parfait, dit-il. Chaque mot, chaque geste est placé. La nouvelle génération, c'est pas toujours propre! C'est un peu tout croche et ça ne vient plus chercher les émotions et les tripes des gens. Ce n'est plus un rire de tête, mais un rire de ventre.»

Il prépare son show avec Jean-François Mercier et Daniel Fortin, le metteur en scène de Mike Ward s'eXpose. «J'essaie de varier mes numéros, dit-il, parce que faire du «rentre-dedans» tout le temps, c'est trop! JF Mercier veut que j'explore un côté un peu plus vulnérable et plus personnel de moi.»

Son spectacle évoquera notre individualisme. «Je fais une sorte d'appel au collectif et, en même temps, une critique de la religion, en ajoutant que c'est toutefois la dernière place où il y a des rassemblements collectifs, dit-il. On a remplacé ça par le Canadien de Montréal ou le Boxing Day

Il rodera son show à Laval et Magog en juillet, un mois très occupé puisqu'on le verra aussi au Festival Juste pour rire, peut-être au Gala du futur, le 18 juillet, réservé aux meilleurs monologuistes comiques de la nouvelle génération.

«Je présenterai un numéro inédit, car je veux respecter les gens et ne pas leur faire un numéro déjà fait, qu'on voit sur internet ou qui fera partie de mon premier spectacle, dit-il. Je travaille là-dessus en ce moment.»