Plus personne n'écoute et ne s'approprie sa musique comme jadis. Durant les années 2000, la technologie a complètement transformé notre rapport aux oeuvres enregistrées et à ceux qui la créent. Voici 10 moments qui ont marqué cette révolution.

1. Juillet 2001 - Napster ferme

Le service de partage de fichiers P2P Napster a fait long feu. Fondé deux ans auparavant par un jeune universitaire de Boston, il s'est vite attiré les foudres de la Recording Industry Association of America (RIAA) qui, au terme d'un procès médiatisé, a eu la peau de ce nouvel ennemi virtuel.

2. Juillet 2001 - Implantation du protocole BitTorrent

Alors que Napster fermait, le jeune programmeur américain Bram Cohen lançait un protocole de partage de fichiers de son cru, BitTorrent. Supérieur à la technologie P2P utilisée par les rejetons de Napster (KaZaa, Morpheus et cie), le protocole est particulièrement efficace pour l'échange de fichiers volumineux. Neuf ans plus tard, BitTorrent engendre jusqu'à 50% du trafic internet dans certains pays.

3. Octobre 2001 - Apple lance l'iPod Avril 2003 - Lancement de l'iTunes Music Store

Les mélomanes ont découvert le lecteur portatif numérique juste à temps pour la période des Fêtes de 1998, grâce au Eiger Labs MPMan (capacité: 32 MB!) et au Rio PMP300 de Diamonds. Mais c'est Apple qui a visé juste avec son premier iPod (capacité: 5 G). L'introduction, l'année suivante, d'un modèle compatible avec les ordinateurs Windows assurera la domination d'Apple. La société a aussi imposé une nouvelle logique de marché en fixant le prix d'une chanson à 0,99$, au grand dam des majors.

4. Décembre 2002 - Premières licences libres de Creative Commons

La Commission du droit d'auteur du Canada a procédé cet automne à une vaste consultation visant à reformuler la loi du droit d'auteur. Mais certains penseurs n'ont pas attendu nos gouvernements. À la fin 2002 sont apparues les premières licences conçues par l'organisme américain Creative Commons, qui proposent aux créateurs un droit d'auteur assuré mais flexible, adapté à l'environnement numérique et favorisant la circulation des oeuvres.

5. 2003 - Lancement de MySpace

Le site MySpace.com a confirmé la tendance du réseautage en ligne. C'est cependant sa fonction musicale qui a assuré son succès en offrant une vitrine à tout musicien, professionnel ou amateur. Le site, propriété de Fox, est devenu l'endroit où découvrir de nouveaux talents. Arctic Monkeys, Lily Allen, Lady Sovereign et, plus près de chez nous, Misteur Valaire ont surfé sur la vague MySpace.

6. Mars 2004 - Fusion entre Sony et BMG

En 2000, les ventes de CD mondiales représentaient près de 37 milliards US, contre moins de 30 milliards US en 2007. Tous les majors ont dû se délester de milliers d'employés. La fusion entre les deux majors Sony Music et BMG symbolisait les périls de la dématérialisation de la musique. Assistera-t-on au rachat d'EMI Music par Warner en 2010? Les rumeurs vont bon train.

7. Février 2005 - Lancement de YouTube

Mise sur pied par des anciens employés de PayPal, la plateforme de partage de vidéos en ligne YouTube (rachetée par Google en 2006) a créé sa propre révolution numérique en rendant accessibles gratuitement des millions de documents audiovisuels. YouTube a aussi mis fin à l'hégémonie des chaînes câblées musicales, permettant aux artistes de faire voir leurs oeuvres sans le filtre télévisuel, forçant ainsi MTV à diversifier sa programmation... et plongeant MusiquePlus dans une crise identitaire.

8. Octobre 2005- «L'affaire Rootkit» de Sony-BMG

Il y a eu l'avant et l'après «affaire Rootkit». Comme c'était la norme sur les CD des majors, ceux-ci étaient livrés avec leurs propres logiciels permettant au mélomane d'écouter le disque dans son ordinateur, sans toutefois pouvoir le copier. Or, deux de ces mesures de protection (DRM) imposées par Sony-BMG s'installaient dans l'ordinateur à l'insu de son propriétaire et rendaient le système d'exploitation Windows vulnérable à d'autres logiciels malicieux. Ont suivi un rappel en masse des disques défaillants et une batterie de coûteux recours collectifs qui ont eu raison des DRM dans l'industrie du disque.

9. Octobre 2007- «L'expérience Radiohead»

Radiohead passe pour visionnaire en lançant sur la Toile, et sans l'appui d'un major, l'album In Rainbows. Le groupe laisse aux fans le soin de fixer le prix du disque. Un tiers seulement des internautes auraient payé. Quelques mois plus tard, Nine Inch Nails fut la première star planétaire à livrer gratuitement une oeuvre complète, The Slip.

10. Décembre 2008- La RIAA met un terme aux poursuites

Pendant presque 10 ans, la redoutable Recording Industry Association of America a traqué les internautes qui téléchargeaient illégalement des oeuvres protégées. Malgré les procès et les amendes, la RIAA a compris que le phénomène ne serait pas stoppé en chassant les fans des artistes. Désormais, la RIAA entend travailler avec les fournisseurs d'accès internet américains pour les convaincre d'adopter des mesures prohibitives inspirées de la loi HADOPI française.