La décennie s'achève sur un constat que partagent Canadiens, Britanniques et Américains: les attentats du 11 septembre 2001 sont l'événement le plus important des années 2000. Mais si les Canadiens estiment que leur vie est semblable ou meilleure qu'elle ne l'était il y a 10 ans, les Américains et les Britanniques ont la mine plutôt basse.

Un sondage Angus-Reid réalisé auprès de Canadiens, d'Américains et de Britanniques permet de découvrir plusieurs particularités dans la manière de résumer la dernière décennie ou d'entrevoir celle qui commence. Premier élément intéressant, les Américains sont moins nombreux que les autres à désigner le 11 septembre comme l'événement le plus important de la décennie. Ils sont aussi moins nombreux à considérer que c'est l'élection du premier Afro-Américain à la Maison-Blanche, alors que 19% des Canadiens et le quart des Québécois placent l'arrivée de Barack Obama au pouvoir comme l'événement de la décennie.

 

Ce qui est souligné par un Américain sur cinq, c'est la crise financière de 2008, qui résonne encore lourdement au pays du billet vert. Dans la foulée, 44% des Américains estiment que leur niveau de vie est pire aujourd'hui qu'il y a 10 ans (comparativement à 24% des Canadiens et 20% des Québécois). Le tiers des Britanniques pensent d'ailleurs comme eux. Trois Américains sur cinq croient que la situation dans leur pays est pire qu'il y a 10 ans, un constat que partagent les Britanniques dans la même proportion.

«Le sentiment est nettement pessimiste aux États-Unis et au Royaume-Uni sur les questions de niveau de vie et de la place du pays dans le monde», dit Jaideep Mukerji, vice-président de la maison de sondages Angus-Reid.

Les deux tiers des Améri-cains et des Britanniques pensent que la place qu'occupe leur pays dans le monde s'est détériorée en 10 ans. Seuls les Canadiens pensent en majorité que la place de leur pays est la même qu'avant. Les Québécois sont partagés quant à savoir si la place du Canada est semblable ou pire qu'elle ne l'était.

Par contre, la majorité des répondants de tous les pays croient que le monde va moins bien qu'en 2000. 5% et moins des répondants, tous pays confondus, croient que la situation dans le monde s'est améliorée. Le défi de la prochaine décennie? Réchauffement climatique, répondent Québécois, Canadiens et Britanniques. Et les Américains? L'économie, d'abord.

De l'espoir pour les Américains

Que penser alors de la prochaine décennie? Les répondants croient en majorité que leur niveau de vie restera semblable ou s'améliorera, surtout aux États-Unis, où les répondants sont 45% à croire à une amélioration et 30% à s'attendre au statu quo. Les Britanniques, en comparaison, ne sont que 35% à espérer un meilleur niveau de vie, contre 39% qui croient qu'il restera semblable.

Non, le rêve américain n'est pas mort. À preuve, ce tiers d'Américains - 34%, la plus forte proportion - qui croient que la vie s'améliorera dans tout le pays. Au Royaume-Uni, ils ne sont que 19% à l'espérer. Même que les Britanniques estiment que la place qu'occupe leur pays dans le monde se détériorera encore.

Boule de cristal

Parlant de pessimisme, les répondants ont été invités à se prononcer sur les événements qui pourraient se produire dans la prochaine décennie. Tous pays confondus, environ deux répondants sur cinq jugent qu'une intervention américaine en Iran est «assez probable», alors que la majorité des répondants croient qu'un accord de paix définitif entre Israël et les Palestiniens est «très peu probable».

«En fait, dit M. Mukerji, il y a trois fois plus de gens qui croient qu'on pourra prendre des vacances dans l'espace que de gens qui croient à la paix entre Israël et les Palestiniens!»

À l'échelle nationale, près de la moitié des Québécois (et 59% des Canadiens) estiment «très peu probable» que le Québec accède à l'indépendance d'ici 10 ans. Par contre - et c'est peut-être une bonne nouvelle pour Pauline Marois -, la même proportion de Québécois s'attendent à l'élection d'une femme à la tête du Québec.

Les sondages ont été menés entre le 15 et le 18 décembre auprès de 2010 Britanniques, 1006 Américains, 1017 Canadiens et 800 Québécois.