Des taxis orange. Des ponts peints de couleurs vives. Des espaces publics dans quelques lieux sinistrés de la métropole. Et une plage sur le fleuve, en plein Vieux-Montréal.

Voilà quelques-unes des idées acheminées à La Presse dans le cadre du projet Rêvez Montréal, lancé il y a quatre mois alors que s'amorçait la campagne en vue des élections municipales du 1er novembre.

Un jury de cinq experts* a choisi les 10 meilleures idées parmi les 381 propositions reçues au cours du printemps. Aux lecteurs maintenant de choisir, en votant sur Cyberpresse. Les trois projets les plus populaires seront soumis aux candidats à la mairie de Montréal.

«Je passe souvent sur les ponts Jacques-Cartier et Champlain, et c'est laid. C'est laid, laid. Horrible. Les structures coupent les quartiers en deux. Ça n'a tout simplement pas d'allure», déplore Hugues Dalphond, qui propose de peindre chacun des ponts qui enjambent le Saint-Laurent d'une couleur différente.

Il n'est pas le seul à imaginer de la couleur au-dessus du fleuve. Un lecteur suggère de peindre le pont Jacques-Cartier en bleu céruléen, un autre en rose fuchsia. Le jury a retenu le projet de M. Dalphond.

Dans la même veine, plusieurs lecteurs proposent d'uniformiser les taxis de la ville. «Un seul modèle, une seule couleur, comme à New York», propose un lecteur qui suggère l'orange comme couleur commune aux taxis de la métropole.

D'autres lecteurs se préoccupent plutôt des espaces laissés à l'abandon sous les ponts et les viaducs. Parmi les projets retenus, il y a celui d'un marché aux puces sous le pont Jacques-Cartier. Et aussi le réaménagement de terrains situés sous le viaduc ferroviaire du CN, près de l'autoroute Bonaventure, un en lieu animé avec un marché public, des cafés et des galeries d'art.

Carolyne Parent, qui a soumis cette idée, raconte y avoir pensé lors d'un récent voyage à Zurich où la ville est en train d'installer un marché public dans un ancien secteur industriel, à la jonction de deux viaducs. Des aménagements semblables existent à Berlin et à Manchester, en Grande-Bretagne. «Comme quoi, ailleurs, on tire profit de ces espaces !» souligne cette résidante de Griffintown qui rêve de pouvoir faire ses courses à pied.

On veut le fleuve!

Un leitmotiv chez les lecteurs : les Montréalais n'ont pas suffisamment accès aux berges du fleuve. Une lectrice veut les faire profiter des terrains voisins des vieux silos, dans le Vieux-Port, en y aménageant «un vaste parc gazonné, avec arbres, fleurs et fontaines», en plus d'une scène pour des concerts estivaux où l'OSM pourrait se produire en été.

But de l'exercice: «Redonner le fleuve aux Montréalais», écrit l'auteure de la suggestion, Dominique Bourcheix.

S'ils rêvent de couleurs, les Montréalais ont aussi soif d'eau. Plusieurs suggèrent d'installer des fontaines publiques un peu partout dans la ville. Et un lecteur propose un lieu de baignade au bassin Jacques-Cartier. Le jury a aimé son idée qui permettrait aux Montréalais non seulement de flâner le long des berges, mais de carrément mettre les pieds dans l'eau.

Moins de bitume, moins de «chars», disent enfin plusieurs lecteurs qui ont soumis de nombreuses idées visant à recouvrir des voies rapides et aménager des rues piétonnes.

Le jury a retenu deux de ces projets. L'un suggère de recouvrir le boulevard Décarie, d'en profiter pour aménager un parc au-dessus et démanteler l'autoroute Métropolitaine. L'autre propose de «piétonniser» de façon permanente l'avenue du Mont-Royal, la rue Sainte-Catherine et la rue de la Commune.

Un lecteur, enfin, voudrait faire de Montréal «la capitale de l'énergie électrique écologique». Plus concrètement, il s'agirait de créer un centre de recherche sur le sujet et de le doubler de politiques qui placeraient la métropole à l'avant-garde en matière d'électricité durable. Par exemple : des réductions fiscales pourraient favoriser la conversion à l'énergie solaire. L'auteur de ce projet a déjà son slogan : «À Montréal, y a de l'électricité dans l'air!»

Le téléphérique, c'est non!

Les cinq experts ont eu l'été pour étudier les résultats de «l'appel d'offres» lancé par La Presse et se sont réunis à la mi-août pour s'entendre sur les projets à la fois les plus porteurs, mais aussi les plus réalisables.

Ils ont choisi parmi des dizaines d'idées, souvent originales, parfois même farfelues, quand elles ne frôlaient pas la science-fiction. Influencés sans doute par le récent débat sur un téléphérique au-dessus du fleuve, de nombreux lecteurs ont eu des rêves de gondoles à toutes sortes d'endroits à Montréal - dont une qui joindrait l'île Sainte-Hélène et le sommet du silo nº 5. Mais les cinq experts sont formels : populaire ou pas, le téléphérique n'est pas une bonne idée.

Parmi les autres «rêveurs» qui ont participé au projet de La Presse, il y a quelques nostalgiques qui rêvent d'une nouvelle exposition universelle. Des frileux qui voudraient faire chauffer les trottoirs ou recouvrir l'île Sainte-Hélène d'un dôme permanent. Et des romantiques qui aimeraient transformer Montréal en un Amsterdam traversé par des canaux.

Même si leurs idées étaient souvent intéressantes, le jury les a trouvées difficilement réalisables.

* Claude Marcotte, associé chez Arbour et Associés, Sylvie Guilbault, directrice des Amis de la montagne, André Bourassa, président de l'Ordre des architectes, André Poulin, directeur général de Destination centre-ville, et Gilles Sénécal, chercheur à INRS-Urbanisation.