Depuis cinq ou six ans, le Canada ne parvient plus à réduire le nombre de nouveaux cas d'infection au VIH. Ce problème touche la plupart des autres pays industrialisés, mais il est compliqué ici par les problèmes de drogue des autochtones de l'Ouest.

«Les autochtones sont 3,6 fois plus à risque d'être infectés que les non-autochtones», explique Chris Archibald, directeur de la division de la surveillance à l'Agence de la santé publique du Canada, qui présentera son analyse ce matin au congrès international sur le sida à Vienne.

«Les autochtones constituaient environ 11% des nouvelles infections en 2005. En 2008, cette proportion était montée à 12,5%. C'est l'usage de drogues injectables qui explique ce fort taux d'infection.»

Après avoir connu un sommet à 5000 au milieu des années 80, le nombre de nouveaux cas a continuellement chuté jusqu'au début du millénaire. Depuis, il stagne. En 2008, dernière année pour laquelle on a des statistiques, il y a eu entre 2300 et 4300 nouvelles infections. «Le taux de survie des séropositifs augmente sans cesse, alors que le nombre de nouvelles infections ne baisse pas, dit le Dr Archibald. Donc, le nombre total de séropositifs augmente. C'est un problème auquel font face la plupart des pays industrialisés.» Le nombre de séropositifs au pays est passé de 57 000 à 65 000 entre 2005 et 2008.

Pays visés

Un autre groupe est plus touché que la moyenne : les personnes originaires de pays où une forte proportion de la population est infectée (taux d'infection de plus de 1% et transmission à prépondérance hétérosexuelle), essentiellement en Afrique subsaharienne et dans les Caraïbes. L'Agence de la santé publique veut essayer de déterminer si ces personnes, qui sont 8,5 fois plus à risque, sont arrivées au pays avec le VIH ou si elles sont infectées durant des séjours subséquents dans leur pays d'origine. Les tests de VIH pour les immigrés ne sont obligatoires que depuis 2002, selon le Dr Archibald.

Une étude dévoilée dimanche montre que, dans les quartiers urbains pauvres des États-Unis, les statistiques sur les infections au VIH se rapprochent de celles de certains pays d'Afrique, avec une transmission généralement hétérosexuelle et des taux de prévalence frisant les 5%. Est-ce le cas au Canada ? «Non, dit le Dr Archibald. Ce qu'on trouve de plus proche, ici, c'est le cas des autochtones.»

Statistiquement parlant, le Canada se trouve au milieu des pays développés. «Peu de pays ont des statistiques historiques sur les nouveaux cas, dit le Dr Archibald. Nous faisons mieux que les États-Unis, mais moins bien que l'Australie. Pour ce qui est du nombre total de cas - la prévalence -, nous sommes en meilleure posture que l'Italie, les États-Unis et l'Espagne, mais derrière l'Allemagne et l'Australie.» Le Canada a des chiffres de prévalence légèrement meilleurs que la France et légèrement moins bons que la Scandinavie.