Stephen Harper a gagné son pari. Les dirigeants des pays du G8 ont accepté de dégager 5 milliards de dollars d'argent frais en cinq ans pour financer des programmes de santé maternelle et infantile dans les pays en voie de développement.

Depuis plusieurs mois, le premier ministre tentait de les convaincre d'appuyer cette importante initiative, qui permettra selon lui de sauver des centaines de milliers de vies dans les pays du continent africain.

En meilleure posture financière que tous les autres pays du G8, le Canada prêche par l'exemple en donnant 1,1 milliard de dollars, soit 20% de tous les efforts financiers. L'Allemagne, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, le Japon et la Russie se sont engagés pour 4 milliards en tout, «selon leurs priorités et leurs moyens financiers».

«Les dirigeants du G8 ont pris un engagement historique envers l'initiative de Muskoka sur la santé maternelle et infantile», a déclaré hier soir le premier ministre, visiblement satisfait de la tournure des événements.

Cet engagement du G8 a d'ailleurs fait boule de neige. D'autres pays qui n'en font pas partie (les Pays-Bas, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud, l'Espagne et la Suisse), ainsi que la Fondation Bill et Melinda Gates et la Fondation des Nations unies, ont consenti ensemble 2,3 milliards. Des semaines de pourparlers et de négociations avec ses homologues auront donc permis à Stephen Harper de récolter 7,3 milliards de dollars pour son projet phare.

«J'encourage d'autres pays et d'autres fondations à en faire autant. Ensemble, nous avons pris l'engagement qu'un jour, sur cette planète, les femmes dans les pays en développement ne souffrent plus et ne meurent plus en raison d'une grossesse ou d'un accouchement», a déclaré le premier ministre en conférence de presse.

L'objectif de Stephen Harper était d'obtenir entre 4 et 5 milliards de dollars des pays du G8. Toute la journée, il a fait pression en ce sens auprès de ses collègues, notamment au cours des rencontres bilatérales. Il est même allé jusqu'à annoncer publiquement, à l'ouverture du sommet, l'ampleur de la contribution canadienne pour mettre de la pression sur ses invités.

En outre, quelques dirigeants du continent africain, dont le président du Nigeria, Johnathan Goodluck, avaient été invités à participer à la portion du sommet sur l'aide aux pays en voie de développement.

«Nous avons atteint nos objectifs. Les choses ont évolué toute la journée, surtout durant la rencontre à huis clos entre les leaders», a affirmé une source gouvernementale.

La somme de 1,1 milliard promise par le Canada s'ajoute à celle de 1,75 milliard déjà annoncée par le gouvernement canadien pour les cinq prochaines années.

Devant les journalistes, M. Harper a soutenu que les pays du G8 seront tenus de respecter leur engagement puisque le Canada a insisté, durant ce sommet, pour qu'ils rendent des comptes dans un rapport annuel. «Je suis convaincu que la publication de ce rapport annuel va nous permettre d'améliorer nos performances dans les années à venir. J'espère que le G20 va faire la même chose», a dit M. Harper.

Il a ajouté que les dirigeants du G8 ont prudemment évalué leurs moyens financiers avant de s'engager.

«Il s'agit de mon cinquième sommet du G8. C'est la première fois que nous produisons un rapport dans lequel nous rendons des comptes au sujet de nos engagements. Les leaders ont été très, très prudents, lorsqu'ils ont pris des engagements, pour tenir compte de leur situation budgétaire. Je ne crois pas que vous allez voir à nouveau des leaders faire des promesses qu'ils ne comptent pas tenir», a dit le premier ministre.

Plus tôt en journée, M. Harper avait affirmé devant ses homologues que le G8, pour rester crédible, doit cesser de prendre des engagements qui demeurent sans lendemain.

«Nous devons donner suite à nos initiatives et tenir nos engagements respectifs. Car si le G8 ne s'attaque pas aux problèmes les plus difficiles du monde, personne d'autre ne le fera. (...) Le monde attend de nous non seulement des intentions, mais aussi des actes», a-t-il dit.

Les dirigeants du G8 doivent aborder aujourd'hui la question de la paix et de la sécurité dans le monde. Les ambitions nucléaires de l'Iran et de la Corée du Nord sont aussi à l'ordre du jour. Après le sommet du G8, qui prend fin aujourd'hui, M. Harper accueillera ce soir et demain ses homologues du G20 à Toronto.