Des personnes arrêtées et incarcérées à Toronto en marge des sommets du G8 et du G20 préparent une plainte aux Nations unies avec l'aide de la Ligue des droits et libertés.

«Il y a eu des rencontres avec la Ligue des droits et libertés pour une éventuelle plainte à l'ONU», dit Dominic Fortugno, qui a passé 62 heures en détention à Toronto.

Ces rencontres se sont déroulées samedi à l'UQAM et à l'Université Concordia. Personne de la Ligue des droits et libertés n'était disponible hier pour expliquer ce projet.

Il y a eu 10 fois plus de personnes arrêtées à Toronto que lors des deux précédents sommets du G20 à Pittsburgh et à Londres, note l'Association canadienne des libertés civiles, qui avait une cinquantaine d'observateurs à Toronto.

«Il y en a eu plus de 1000 arrestations alors qu'il y en a eu 83 à Pittsburgh et moins de 100 à Londres, dit Nathalie Desrosiers, porte-parole de l'organisme. On pense que c'est illégal. Pour arrêter massivement des gens, il faut que les policiers soient en présence d'une émeute. Toutes les manifestations où les gens ont été arrêtés massivement étaient paisibles.»

Cette remarque s'applique en particulier à la centaine d'arrestations qui ont eu lieu le matin du dimanche 27 juin, dans un gymnase d'université.

En tout, environ 280 personnes ont été accusées; les autres ont été relâchées sans accusation. «C'étaient des arrestations dans le seul but de les empêcher de manifester ou de leur donner une leçon», dit Mme Desrosiers.

«Les gens arrêtés à l'université sont accusés de complot en vue de commettre un acte criminel, dit Me Étienne Poitras, qui a rencontré une dizaine d'accusés québécois à leur retour. Pour l'instant, les accusations sont très fourre-tout. Ils n'ont pas besoin de spécifier quel acte criminel était visé par le complot.»

Les témoignages sur les conditions de détention de la centaine de Québécois arrêtés à cette occasion ont continué d'émerger hier. Les policiers auraient fait subir humiliations racistes et sexistes, privations et intimidation à leurs détenus.

Des observations corroborées par l'Association canadienne des libertés civiles. «Nos observateurs disent qu'il y avait parfois du professionnalisme de la part des policiers et parfois aussi des comportements complètement abusifs, des remarques sexistes et que certainement le ton était très punitif», dit Mme Desrosiers.

Au moins une douzaine de personnes étaient toujours détenues hier à Toronto, une semaine après la fin des sommets, selon Mathieu Francoeur, porte-parole de la CLAC 2010 (Convergence des luttes anti-capitalistes).

«Une personne de Montréal est toujours détenue, dit-il. Elle a été arrêtée le samedi matin (le 26 juin) avant les grandes manifestations. La police a visé ceux qu'elle considérait comme des organisateurs. Elle avait des mandats d'arrêt contre eux.»

Hier à Toronto, une coalition d'organismes a demandé une enquête indépendante et la libération immédiate de tous les «prisonniers politiques», dont la détention constitue à la criminalisation de la dissidence. «Ce sont des prisonniers politiques; on s'en prend à eux pour leurs positions politiques», a dit Chris Ramsaroop, de l'Asian Canadian Labour Alliance.