Le militant Jaggi Singh a été libéré hier sous de sévères conditions. Il fait face à divers chefs d'accusation pour son rôle dans les manifestations lors du sommet du G20 à Toronto.

Il retournera en cour le 23 août. Pour sortir de prison, il a dû verser une caution de 10 000 $ comptant, en plus d'une garantie de 75 000 $. Le député de Québec solidaire, Amir Khadir, s'est rendu à Toronto pour verser 5 000 $ comptant de ses propres fonds. Il est également l'une des trois personnes, avec un universitaire de Montréal et un syndicaliste de Toronto, qui ont offert une garantie de 25 000 $.

«Je ne partage pas sa vision politique, mais je défends son droit de manifester, lance-t-il. En démocratie, on ne devrait pas attaquer ce droit, on devrait le célébrer. On a perdu tout sens de la mesure quand on criminalise la dissidence.»

Il critique «l'inaction» du premier ministre Jean Charest dans le dossier, et dénonce les conditions «excessives» de libération de M. Singh. «C'est comme si on considérait qu'il est un danger public, déplore M. Khadir. Or, il m'a souvent répété qu'il ne faisait pas la promotion de la violence.»

Le militant devra habiter chez l'une des trois personnes qui se sont portées garantes de sa conduite. «On lui interdit aussi l'usage d'un téléphone cellulaire et d'un ordinateur portable. Ses déplacements sont seulement autorisés pour des raisons précises, comme le travail, et il n'a pas le droit d'organiser ou de participer à une manifestation», ajoute son ami Francis Dupuis-Déri, politologue de l'UQAM.

Amir Khadir se dit également ami avec M. Singh. Il l'a rencontré en 1998 au cours d'un concert des Colocs et d'une manifestation contre l'Accord multilatéral sur l'investissement. «On proposait de taxer les transactions financières, avec la taxe Tobin. Douze ans plus tard, après les catastrophes économiques, le président Sarkozy en a parlé à Toronto. On devrait parfois écouter les manifestants.»

Les Canadiens appuient les policiers

Selon un sondage Harris-Décima commandé par La Presse Canadienne, deux Canadiens sur trois approuvent la conduite des policiers au cours du sommet du G20 à Toronto. En Ontario, l'appui augmente à 72%.

En revanche, un Canadien sur cinq la désapprouve. Les résultats sont toutefois très différents au Québec. Près de 60% des Québécois critiquent le travail des policiers. «Les médias canadiens ont jeté le blâme sur des casseurs de vitre au lieu de parler de l'orgie de dépenses en sécurité et des arrestations arbitraires. Au Québec, heureusement, le traitement médiatique était différent», estime M. Khadir.

Selon le même sondage, 55% des Canadiens sont en faveur de la tenue d'un autre sommet similaire au pays. Avant les sommets du G8 et du G20, ils approuvaient à 68% la tenue d'une autre rencontre de ce type.

Il s'agit d'un sondage téléphonique réalisé auprès de 1000 Canadiens. La marge d'erreur est de 3,1 points de pourcentage, 19 fois sur 20.