Même s'ils se réjouissent de voir la police de Toronto écorchée par l'ombudsman ontarien, les manifestants québécois arrêtés au G20 trouvent cela insuffisant.

«Cela ne répond pas à notre question: pourquoi une centaine de Québécois ont-ils été arrêtés sans mandat, à des kilomètres du sommet, alors qu'ils dormaient dans un gymnase d'université?» déplore Maryse Poisson, déléguée du Regroupement des arrêtés du G20 (RAG20).

Comme la jeune étudiante en travail social, ils sont des dizaines à avoir été détenus plusieurs jours, agressés par le bruit, le froid et les néons, parfois sans vêtements, sans lunettes, sans médicaments et sans eau. Plusieurs ont été fouillés à nu. Tout cela pour que les accusations déposées contre eux soient retirées quatre mois plus tard.

»Criminaliser la dissidence»

«Ils ont voulu criminaliser la dissidence et nous faire peur, dit-elle, mais ça nous donne juste envie de lutter plus fort.»

Comme ses camarades, l'étudiante s'indigne de voir le gouvernement Harper refuser de déclencher une enquête publique. «On ne fera pas la lumière si on se retrouve seulement avec plusieurs rapports qui offrent chacun une vision partielle et n'imposent aucune conséquence», dit-elle.

Plutôt qu'une commission d'enquête, c'est un comité parlementaire sur la sécurité qui entend les manifestants du G20. Or, les députés conservateurs en profitent pour en rajouter, assure Mathieu Francoeur, porte-parole de la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC). «Ils attaquent les manifestants, c'est spectaculaire.»

Le rapport de l'ombudsman ontarien a du bon, dit-il, mais sa portée est trop limitée. «Il arrive après pour dire que ce qui s'est passé n'est pas correct. Mais rien ne garantit que cela ne se produira pas encore.»

Demandes de recours collectif

Pour l'instant, deux demandes d'autorisation pour exercer un recours collectif ont été déposées en Ontario. Les manifestants québécois pourraient s'y joindre ou déposer le leur. Parmi les 200 Québécois arrêtés en juin, 150 ont été formellement accusés. Les accusations ont été maintenues contre seulement huit d'entre eux, dont deux qui auront leur enquête préliminaire vendredi.

En Ontario, le Bureau du directeur de l'examen indépendant de la police étudie les plaintes du public. À la suite d'une audience tenue fin octobre, la Commission interaméricaine des droits de l'homme de l'Organisation des États américains a par ailleurs demandé des informations complémentaires au gouvernement canadien.