Impossible de prévoir si les Américains voteront en masse pour Barack Obama le 4 novembre prochain. Ce qu'on peut prédire sans crainte de se tromper, en revanche, c'est que le sénateur démocrate remporterait une victoire écrasante si le reste de la planète pouvait voter.

C'est ce que révèlent les résultats de sondages commandés par huit quotidiens nationaux dans le monde - à l'initiative de La Presse - que nous dévoilons aujourd'hui.

Dans chacun des huit pays sondés, Obama l'emporterait haut la main. À commencer par la Suisse, où le sénateur de l'Illinois récolte 83% des appuis, contre uniquement 7% pour John McCain.

Le Canada est le second pays où Obama compte le plus grand nombre de partisans: 70% des Canadiens voteraient pour le candidat démocrate à la présidence. Son rival républicain devrait se contenter de 14% au pays de Stephen Harper.

La nation où McCain est le plus populaire est la Pologne, qui a soutenu la guerre en Irak de George W. Bush. Malgré tout, l'avance d'Obama y est presque insurmontable: 17 points de pourcentage.

Vent de changement

«Après huit ans d'horreurs, le monde veut vraiment quelque chose de plus nouveau, de plus frais, qui fasse un contraste spectaculaire avec George W. Bush. Et ce contraste est assuré avec Barack Obama», souligne le directeur de l'Observatoire sur les États-Unis de l'UQAM, Charles-Philippe David.

Mais le désir de changement du reste de la planète va plus loin qu'une indigestion de George W. Bush, ajoute l'expert. «Le monde est en difficulté et on aspire à un certain leadership américain qui soit beaucoup plus éclairé. Un leadership par l'exemple plutôt que la puissance», précise-t-il.

Exercer ce leadership passe vraisemblablement par un retrait des troupes américaines d'Irak, ont signalé plus de 70% des personnes interrogées dans chacun des pays (75% au Canada).

Et la majorité de ces répondants ont dit souhaiter que ce retrait se fasse dans la prochaine année. Les Mexicains sont les plus impatients, 68% se prononçant pour cette sortie accélérée d'Irak, suivis des Français (63%), des Polonais (58%), des Suisses (57%) et des Canadiens (53%).

Par ailleurs, visiblement échaudés par l'aventure irakienne, bon nombre d'habitants des pays sondés estiment que le président américain élu en novembre doit exclure d'emblée la possibilité d'une intervention militaire en Iran.

Les Japonais sont les plus réticents: 70% s'y opposent. Ce sont les Britanniques, fidèles alliés de Washington dans le dossier irakien, qui sont les moins timides.

L'opinion publique est carrément partagée au sujet de l'Iran en Grande-Bretagne. Ainsi, 47% pensent que le successeur de Bush doit exclure une telle intervention militaire, mais 42% jugent qu'il faut plutôt «laisser la porte ouverte» à cette possibilité.

Président plus écolo

En analysant les résultats du sondage, on sent qu'il n'y a pas que la politique étrangère des États-Unis qui a profondément irrité le reste du monde au cours des huit dernières années. On note aussi un certain ras-le-bol quant aux politiques environnementales américaines.

«En tant que chef de la nation la plus puissante de la planète, quelle devra être la position du prochain président américain en ce qui a trait au réchauffement climatique?» avons-nous demandé aux personnes interrogées.

À la quasi-unanimité, elles ont répondu qu'il devra «en faire plus». Un avis partagé, par exemple, par 94% des Suisses, 88% des Polonais et des Français ainsi que 79% des Canadiens.

Fort heureusement pour ces citoyens - qui aimeraient probablement voter en sol américain en novembre s'ils le pouvaient -, le réchauffement climatique est l'un des rares dossiers sur lequel tant Obama que McCain semblent partager l'opinion du reste du monde.