L'ascension de Michael Ignatieff à la tête du Parti libéral risque de sonner le glas de l'accord de coalition conclu la semaine dernière entre le PLC et le NPD et soutenu par le Bloc québécois.

Dans les rangs libéraux, on répète depuis quelques jours que cet accord a été conclu par le chef démissionnaire Stéphane Dion et que le nouveau chef Michael Ignatieff n'est nullement lié par cette entente.

 

Au cours des derniers jours, plusieurs députés libéraux avaient en outre commencé à souffler le chaud et le froid sur la justesse de continuer cette aventure avec le NPD et le Bloc québécois.

M. Ignatieff lui-même a mis un bémol sur ce projet en fin de semaine en déclarant: «La coalition si nécessaire, mais pas nécessairement la coalition». Il reprenait ainsi la célèbre phrase de l'ancien premier ministre libéral Mackenzie King durant le débat controversé sur la conscription durant la Deuxième Guerre mondiale.

Des stratèges libéraux ont confié à La Presse que M. Ignatieff utilisera la coalition comme outil si le besoin s'en fait sentir pour forcer le gouvernement Harper à se montrer plus conciliant à la Chambre des communes et à être à l'écoute des demandes des partis de l'opposition.

«Michael Ignatieff va garder la coalition comme outil. Mais le PLC est ultimement un parti de pouvoir et son arrivée à la tête du parti change la dynamique», a dit un stratège libéral.

Inquiétude au NPD

Dans les rangs néo-démocrates, certains s'inquiètent en privé de voir la coalition s'effondrer peu à peu avec l'arrivée en scène de Michael Ignatieff. Le député libéral Bob Rae, qui s'est désisté de la course à la direction hier, appuyait sans réserve la coalition avec le NPD et le Bloc québécois. Il a répété hier qu'il souhaite que la coalition renverse le gouvernement Harper à la première occasion aux Communes à la fin janvier et tente de former le gouvernement. Mais il semble maintenant représenter une minorité au sein du PLC.

Mais le député néo-démocrate d'Outremont, Thomas Mulcair, a dit avoir bon espoir que l'accord conclu avec le PLC tienne le coup à la relève de la garde. Devant les journalistes, hier, M. Mulcair a rappelé que M. Ignatieff avait signé la pétition libérale la semaine dernière exhortant la gouverneure générale Michaëlle Jean à rejeter la demande de Stephen Harper de proroger le Parlement.

M. Mulcair a indiqué avoir rencontré hier soir son collègue libéral John McCallum pour discuter d'un budget de coalition et de l'économie. D'autres réunions de travail de ce genre sont prévues au cours des prochains jours. M. Mulcair a aussi affirmé que le lien de confiance entre les partis de l'opposition et le gouvernement Harper était irrémédiablement rompu.