La «mauvaise visibilité» et le «brouillard» sont à l'origine de l'accident d'avion qui a coûté la vie au président polonais Lech Kaczynski et 96 autres membres de sa délégation samedi près de l'aéroport de Smolensk, a affirmé un porte-parole du gouvernement régional.

L'avion présidentiel polonais, un Tupolev 154, «s'est écrasé en raison de la mauvaise visibilité», à sa quatrième tentative d'atterrir par un épais brouillard, a déclaré Andreï Yevseienkov, porte-parole du gouvernement régional de Smolensk.

Les contrôleurs de l'aéroport militaire de Smolensk Nord, a-t-il expliqué, avaient invité les pilotes de l'appareil à se dérouter sur Minsk, capitale du Belarus voisin ou vers Moscou, en raison des mauvaises conditions météo.

Mais l'équipage a «pris la décision indépendante d'atterrir à Smolensk», a poursuivi le porte-parole. L'avion, dit-il, n'est pas parvenu à atteindre la piste d'atterrissage. «Les ailes de l'avion ont heurté les cîmes d'arbres proches et il s'est écrasé dans la forêt» près de l'aéroport.

L'avion s'est disloqué et «personne n'a survécu à la catastrophe», avait auparavant déclaré le gouverneur de la région de Smolensk, Sergueï Anoufriev, à la chaîne de télévision publique russe Rossiya-24.

Le général d'aviation Alexandre Alyochine, cité par l'agence de presse Interfax, a confirmé que les pilotes du Tupolev 154 n'ont pas suivi les instructions des contrôleurs aériens de se dérouter. William Voss, directeur de la Fondation pour la sécurité aérienne, une association américaine, s'est étonné de la «détermination» de l'équipage à atterrir à tout prix à Smolensk.

«Il serait extraordinaire que cet avion ait tenté quatre approches, si c'est vraiment arrivé. Normalement, on renonce se poser après une deuxième tentative», a-t-il noté. Rossiya-24 a diffusé des images des lieux de l'accident. Des débris du Tupolev 154, dont émergeait la dérive de l'appareil calciné, étaient éparpillés dans les bois.

Le Tupolev 154 est un triréacteur moyen-courrier d'origine soviétique, dont la conception remonte aux années 60. La version de base a été modernisée et l'appareil accidenté samedi, vieux de 26 ans, appartenait à une série dotée de moteurs plus performants.

Au total plusieurs centaines d'exemplaires de cet avion capable de transporter de 160 à 180 passagers selon les versions ont été construites, équipant dans les années 70 et 80 de nombreuses compagnies dans l'ex-URSS, les pays de l'Est et en Iran. De nombreux appareils de ce type ont été impliqués dans des accidents au cours des dernières années, imputés pour la plupart à de mauvaises conditions d'exploitation ou d'entretien.

Le Tu-154 qui s'est écrasé samedi avait bénéficié d'une révision complète en décembre dernier à Samara en Russie, selon le directeur du centre de maintenance Aviakor Alexeï Gousseï, interrogé par Rossiya-24. L'avion avait été été équipé à cette occasion d'instruments de navigation et d'une électronique modernes, a-t-il ajouté.

Selon le ministre russe des Situations d'Urgence Sergueï Shoïgou, cité par l'agence de presse Itar-Tass, les deux «boîtes noires» de l'avion, enregistrant les paramètres de vol et les conversations dans le cockpit, «ont été retrouvées et leur examen a commencé».

Le président polonais et sa délégation se rendaient en Russie pour une cérémonie de commémoration à Katyn, où plusieurs milliers d'officiers polonais avaient été exécutés en 1940 par la police secrète soviétique.