(Montréal) Après avoir passé le plus clair de son temps en terre caquiste depuis le début de la campagne, Dominique Anglade se met à jouer à la défensive pour conserver les bastions libéraux du Grand Montréal. Y compris le sien.

La cheffe libérale s’est rendue jeudi dans sa circonscription de Saint-Henri–Sainte-Anne pour la première fois depuis le déclenchement des élections le 28 août. Elle a pris un bain de foule au marché Atwater, où l’accueil fut chaleureux.

La partie n’est pas gagnée d’avance pour elle. Une lutte à trois se dessine avec la Coalition avenir Québec (CAQ) et Québec solidaire (QS). Le parti de François Legault est représenté par un attaché politique issu de son aile jeunesse, Nicolas Huard-Isabelle, alors que QS a recruté l’avocat spécialiste en immigration Guillaume Cliche-Rivard, qui a croisé le fer avec le gouvernement au cours des dernières années. Notons que QS est arrivé au deuxième rang en 2018. Dominique Anglade l’avait emporté avec 4424 voix cette année-là.

Je suis d’abord et avant tout députée de Saint-Henri–Sainte-Anne. Mes prédécesseurs, regardez leurs horaires, […] ont fait campagne dans leur comté, et c’est important pour moi aussi d’aller dans mon comté.

Dominique Anglade, cheffe du PLQ

En 2014 et 2018, Philippe Couillard avait fait escale dans sa circonscription de Roberval environ une fois par semaine. Dominique Anglade est restée évasive au sujet de la fréquence de ses visites dans Saint-Henri–Sainte-Anne. « L’horaire sera déterminé au fur et à mesure », s’est-elle contentée de dire.

Un peu plus tôt, Dominique Anglade a fait une visite dans Maurice-Richard, toujours à Montréal. Son parti avait obtenu une faible majorité de 530 voix il y a quatre ans.

Libéraux et péquistes s’échangent cette circonscription depuis 50 ans, mais cette époque est révolue. C’est une lutte à trois, voire à quatre qui se profile. Le camp libéral a traversé une tempête dans cette circonscription lorsque la cheffe a expulsé du caucus la députée Marie Montpetit en raison d’allégations de harcèlement psychologique. Jonathan Marleau, ex-président de l’aile jeunesse du parti, est son candidat cette fois-ci ; il s’était présenté dans Gouin en 2018.

Au deuxième rang il y a quatre ans, QS mise sur Haroun Bouazzi, vice-président adjoint de la Banque de développement du Canada (BDC). De son côté, la CAQ est représentée par l’avocate Audrey Murray, qui préside depuis quatre ans la Commission des partenaires du marché du travail – un organisme qui réunit des représentants des employeurs, des travailleurs et de ministères, entre autres. Une anthropologue, Chantal Jorg, porte les couleurs du Parti québécois (PQ).

D’autres réductions proposées

En matinée, Dominique Anglade a promis d’éliminer les frais imposés aux parents pour la surveillance de leur enfant à l’heure du midi à l’école. La gratuité du service coûterait 100 millions par année, selon le parti.

Elle a fait son annonce dans la circonscription de Vimont, à Laval. C’est une circonscription libérale menacée ; la majorité du parti était de 567 voix en 2018. Le député sortant est l’ex-policier Jean Rousselle, qui ne se représente pas. C’est sa conseillère politique, Anabela Monteiro, qui porte maintenant les couleurs du PLQ.

La stratégie du jour de Dominique Anglade était donc défensive. Un contraste par rapport aux journées précédentes. « On joue à l’offensive », disait-elle récemment pour expliquer par exemple sa longue présence dans la grande région de Québec au début de la campagne. Son parti n’y avait aucun député à la dissolution de l’Assemblée nationale.

Pour prouver qu’elle ne cherche pas seulement à sauver les meubles, Dominique Anglade a révélé plus tôt cette semaine qu’elle cible en particulier cinq circonscriptions qu’elle compte ravir à la CAQ. Il s’agit de Sainte-Rose à Laval, de Gatineau en Outaouais, de même que Châteauguay, Huntingdon et Soulanges en Montérégie. Ce sont toutes des circonscriptions que les libéraux ont perdues aux mains de la CAQ en 2018. Dominique Anglade a passé du temps dans les quatre premières villes ou circonscriptions depuis le début de la campagne. Elle avait tenté de nuancer ses propos par la suite, plaidant qu’il s’agissait d’exemples et qu’elle cible toutes les circonscriptions.