(Saguenay) Éric Duhaime fait des élections du 3 octobre un référendum au Saguenay sur le projet gazier de GNL Québec. Il promet du même souffle d’abolir la loi qui interdit l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures au Québec adoptée en avril.

Le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ) était de passage au Saguenay–Lac-Saint-Jean mercredi où la Coalition avenir Québec (CAQ) a une longueur d’avance, selon les projections du site Qc125. Il mettra le pied dans trois des cinq circonscriptions de la région.

« Le 3 octobre, nous on considère que ça va être un référendum, a-t-il déclaré en conférence de presse. La question de l’urne, c’est de savoir si vous êtes pour ou contre le projet GNL.

Dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, un vote pour le Parti conservateur du Québec, ça va être un vote pour le projet GNL et un vote pour la CAQ, ça va être un vote contre le projet GNL.

Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a fermé définitivement la porte mercredi au projet d’usine de liquéfaction de gaz naturel en provenance de l’Ouest canadien. Son ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon a fait des démarches auprès du gouvernement fédéral pour ranimer le projet qui avait été écarté en 2021 à la fois par le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec. La Presse a pu confirmer les informations d’abord rapportées par Radio-Canada.

L’attaché de presse du ministre indique plutôt qu’il a été approché par le gouvernement fédéral en préparation de la visite du chancelier allemand la semaine dernière pour étudier « les processus d’approbation de plusieurs projets énergétiques ».

Fermer la porte à Énergie Saguenay est une « erreur monumentale » et témoigne d’un « manque de vision », selon Éric Duhaime. Il croit que ce projet pourrait permettre de répondre à la crise énergétique en Europe en approvisionnant des pays européens comme l’Allemagne dépendants du gaz russe.

Si M. Fitzgibbon n’avait pas autant de problèmes avec l’éthique, je l’inviterais à joindre le Parti conservateur du Québec, mais vous comprenez que je ne peux pas faire ça.

Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec

GNL Québec a récemment signé une entente avec la société d’État ukrainienne Naftogaz pour l’achat éventuel de gaz naturel liquéfié d’ici 2027 et confirme être en discussion avec des intérêts allemands.

En juillet 2021, le gouvernement Legault avait fermé la porte au projet parce qu’il n’était pas compatible avec les politiques environnementales du Québec. Ottawa avait fait de même cinq mois plus tard. Dans les deux cas, des évaluations environnementales avaient démontré que la construction d’un gazoduc de 750 km ne permettrait pas de réduire les GES.

Déception

Cette décision avait suscité de la déception dans la région qui comptait sur les milliers d’emplois temporaires qui auraient été créés durant la phase de construction et les 300 nouveaux emplois à terme. C’est le cas de Sylvain Genest, le propriétaire du Musée de la Petite maison blanche qui a résisté au déluge du Saguenay en 1996, qu’Éric Duhaime est allé visiter lors de son passage dans l’arrondissement de Chicoutimi à Saguenay.

C’est quand même un projet de 14 milliards d’investissements privés et je pense que ça aurait donné un gros boom à l’économie de la région.

Sylvain Genest, propriétaire du Musée de la Petite maison blanche et partisan du PCQ

Cinq femmes des Mères au front, un regroupement citoyen qui veut sortir des énergies fossiles, attendaient l’autocar du chef conservateur avec leurs pancartes. Elles réclamaient la participation du PCQ à un débat non partisan sur l’environnement, ce que le candidat dans Chicoutimi, Éric Girard, a accepté. Elles n’ont pas voulu commenter la position du PCQ sur Énergie Saguenay.

GNL Québec soutient que son usine de liquéfaction qu’elle voudrait construire à Saguenay contribuerait à réduire les gaz à effet de serre de 84 % puisqu’elle fonctionnerait à l’hydroélectricité. La combustion de gaz naturel génère également moins de GES que le charbon.

C’est vrai, reconnaît le professeur Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie. Sauf que les fuites lors du transport par gazoduc produisent une importante quantité de GES et elles coûtent cher à colmater.

La manière dont on produit le gaz naturel et la manière dont on le transporte amène des émissions fugitives et ces émissions fugitives de méthane sont au moins 25 fois plus dommageables que le CO2.

Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie

À Ottawa, on souligne qu’Énergie Saguenay devra soumettre une nouvelle proposition de projet pour relancer GNL Québec étant donné qu’il a déjà fait l’objet d’une évaluation environnementale. Une autre analyse devrait par la suite être effectuée.

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