(Senneterre) Dominique Anglade soutient qu’elle ignorait les risques pour la santé liés aux émissions d’arsenic de la Fonderie Horne lorsque le gouvernement Couillard, dont elle faisait partie, a autorisé l’entreprise à dépasser largement la norme québécoise.

Le gouvernement de Philippe Couillard a renouvelé l’« attestation d’assainissement en milieu industriel » de la fonderie de Rouyn-Noranda en novembre 2017 ; la demande de renouvellement de l’entreprise avait été soumise en août. Dominique Anglade était alors ministre de l’Économie. La ministre de l’Environnement responsable de l’attestation était Isabelle Melançon, députée sortante et candidate dans Verdun.

Grâce à cette attestation, la fonderie de la multinationale Glencore obtenait l’autorisation de rejeter dans l’air jusqu’à 100 nanogrammes d’arsenic par mètre cube (µ/m3), soit 33 fois plus que la norme québécoise, fixée à 3 µ/m⁠3.

Je n’ai eu aucune discussion qui disait qu’on allait dépasser des normes et qu’il y avait un impact sur la population. Je peux vous l’assurer.

Dominique Anglade, en conférence de presse à Senneterre, en Abitibi-Témiscamingue, samedi

Le gouvernement s’est-il demandé à l’époque si c’était normal de dépasser autant la norme ? lui a-t-on demandé. « Je n’ai pas eu ces discussions-là. Évidemment que non », a-t-elle répondu.

Selon ses dires, elle n’était « pas au courant que la norme était dépassée à ce niveau-là, […] que ça avait un impact sur la santé publique ». « Ça, cette information-là, elle n’était pas disponible », a-t-elle insisté.

« Jamais je n’ai eu en ma possession quelque chose qui disait qu’il y avait un impact sur la santé publique des gens. Jamais. Jamais je n’ai eu en ma possession un document qui disait : voici ce qui va être décidé et voici l’impact que ça va avoir sur la santé de la population », a expliqué Mme Anglade.

Versions contradictoires

Or, dans un rapport produit en 2004, un groupe de travail interministériel de la Santé et de l’Environnement affirme clairement qu’« étant donné le caractère cancérigène de l’arsenic, […] il est nécessaire d’adopter une approche préventive visant à réduire le plus possible les niveaux d’exposition de la population ». Il proposait de diminuer les émissions dans le quartier Notre-Dame, voisin de la fonderie, sous une valeur moyenne de 10 nanogrammes par mètre cube d’air.

Il demandait également que l’entreprise présente rapidement un plan « identifiant les échéanciers et les interventions qui devront être réalisées pour atteindre un objectif de 3 µ/m3 dans le quartier Notre-Dame ».

De mars 2015 à février 2018, le ministère de Dominique Anglade était visé par un mandat de lobbyisme de la société Glencore, « dans le but d’assurer le maintien du permis d’opérer (attestation d’assainissement) et des certificats d’autorisation de la fonderie Horne », peut-on lire dans un registre public consultable en ligne.

« Les sujets abordés concernent entre autres […] les critères d’émissions d’arsenic de l’Avis sur l’arsenic dans l’air ambiant à Rouyn-Noranda. » C’est un indice de l’implication de Mme Anglade dans le dossier à l’époque.

Mitraillée de questions sur le sujet, la cheffe libérale a répliqué en tournant ses canons vers le gouvernement Legault. Elle l’a accusé d’avoir « caché à la population » les informations sur les risques liés aux émissions d’arsenic de la fonderie. Québec a décidé récemment de demander à l’entreprise d’atteindre, d’ici cinq ans, une moyenne annuelle de 15 nanogrammes d’arsenic par mètre cube d’air – cinq fois la norme.

De passage en Abitibi-Témiscamingue vendredi et samedi, Dominique Anglade a décidé de ne pas faire escale à Rouyn-Noranda. Son candidat dans cette circonscription, Arnaud Warolin, habite le quartier Notre-Dame.

« C’est à partir de 2019, fin 2019, qu’on a commencé à nous dire qu’il y a véritablement un enjeu de santé publique. On savait qu’il y avait des émanations, qu’il y avait des choses, mais au niveau de la santé publique, il y a eu un message qui a été clair pour nous » en 2019, a-t-il soutenu.

En savoir plus
  • 125
    Une semaine après le déclenchement des élections, le Parti libéral du Québec a maintenant une équipe complète de 125 candidats, a annoncé la cheffe Dominique Anglade samedi. L’absence de porte-couleurs dans plusieurs circonscriptions à travers le Québec, le retrait de certains candidats et le recrutement d’employés politiques pour représenter le parti ont fait les manchettes au cours des derniers jours et assombri la campagne libérale.