(Rimouski) Avec Québec solidaire, il n’y a pas que les citoyens qui devront s’engager dans la lutte contre les changements climatiques. Gabriel Nadeau-Dubois veut « serrer la vis » aux industriels, quitte à ce que certains d’entre eux réduisent leurs activités, mais il promet dans la foulée des programmes pour « requalifier » les employés.

« L’ensemble des grands émetteurs vont devoir revoir leurs pratiques. On ne peut plus donner des passe-droits aux grands émetteurs [de gaz à effet de serre (GES)]. On ne peut plus avoir une bourse du carbone qui donne autant de laissez-passer aux grands émetteurs de GES », a expliqué le chef parlementaire de Québec solidaire en point de presse samedi.

M. Nadeau-Dubois est ainsi revenu sur une déclaration de la veille, alors qu’il avait été interpellé par une militante lors d’une assemblée publique qu’il tenait à la coopérative de solidarité Paradis, à Rimouski. Elle lui avait demandé pourquoi « Québec solidaire craint davantage son suicide politique que notre suicide collectif », puisque le parti refuse de renoncer à la croissance économique pour sauver la planète.

M. Nadeau-Dubois avait alors rétorqué que certains secteurs d’activité, comme le logement social, la santé ou le transport collectif, devaient continuer de croître. Globalement, le parti ne croit pas que la décroissance soit nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques. Mais certains secteurs en pâtiront.

Il y a des secteurs de notre économie qui, certainement, doivent décroître. Le secteur pétrolier… il y a plusieurs secteurs industriels qui vont devoir réduire leurs activités dans les prochaines années, les prochaines décennies, c’est vrai.

Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire

M. Nadeau-Dubois a souligné que son parti ne laisserait pas tomber les travailleurs et veut mettre de l’avant, dans son plan climat qui sera présenté ce dimanche, une « transition juste ».

Virage vert dans la campagne

Après avoir présenté des engagements en santé, en matière de crise du coût de la vie, pour les aînés, puis pour les CPE, Québec solidaire mise gros sur son plan climat. Dans un discours prononcé à Longueuil en soirée devant une centaine de militants, M. Nadeau-Dubois a affirmé qu’il s’agirait d’un « tournant » de sa campagne.

« Je vais le traîner à partir de demain partout au Québec. Je vais le brandir à chaque occasion. Demain, c’est un point tournant de notre campagne. À partir de demain, je me donne l’objectif d’imposer enfin le sujet de la lutte contre les changements climatiques dans cette campagne électorale », a lancé M. Nadeau-Dubois, suscitant des applaudissements nourris.

Toutes les autres promesses qu’on fait, tous les engagements qu’on prend ne valent rien, au fond, si la planète fout le camp. Si la planète fout le camp, il n’y en aura pas de prospérité.

Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire

Il promet de la transparence et de l’honnêteté. Il expliquera aux électeurs que ce n’est pas possible de réussir la lutte contre les changements climatiques en ne « changeant rien ».

Pas de passe-droits

Dans le domaine industriel, ces changements toucheront les raffineries, et d’autres industries qu’il n’a pas nommées. « La bonne décision économique, c’est quoi ? S’entêter dans des secteurs appelés à décliner, ou investir dans les secteurs d’avenir et accompagner les travailleurs des industries en déclin pour les requalifier et ne pas perdre d’emplois ? », a-t-il demandé.

Il refuse de mettre toute la pression sur les individus alors que les grands pollueurs bénéficient de « passe-droits dans le marché du carbone ».

« Ce n’est pas juste de mettre la pression sur le monde et de laisser les grands pollueurs s’en tirer », a affirmé M. Nadeau-Dubois.

Requalification

Le chef parlementaire promet toutefois de mettre en place un programme de « requalification » au centre de sa transition juste. Ce programme aura deux raisons d’être. D’abord, épauler les travailleurs des industries qui se modernisent. « S’il faut moderniser ou changer les manières de faire et que ça implique que des travailleurs n’ont plus les compétences, il faut les requalifier. On ne peut pas juste les laisser sur le bord de la route », a dit M. Nadeau-Dubois.

Puis, pour épauler les employés des fameuses industries « en déclin », que M. Nadeau-Dubois n’a pas voulu nommer, à l’exception des raffineries : « On ne peut pas les abandonner. Ces gens-là veulent gagner leur vie. C’est ça, la transition juste », a-t-il expliqué.