(Trois-Rivières) Non seulement la loi 101 est une « ancienne calèche » qui brime la minorité anglophone, mais encore le gouvernement québécois ne peut inscrire dans la Constitution canadienne, comme il l’a fait, que le Québec forme une nation et que sa seule langue officielle est le français, estime le candidat libéral Deepak Awasti. La cheffe Dominique Anglade désapprouve ses propos et soutient que M. Awasti épouse maintenant la position du parti.

Le Parti libéral du Québec (PLQ) a annoncé le 22 août la candidature de Deepak Awasti dans Laurier-Dorion, à Montréal. Il a été élu par les membres du parti à l’issue d’une investiture ouverte. Il est un « représentant en matière de droit de l’immigration et des réfugiés » et un « analyste des politiques publiques », selon le communiqué du parti.

PHOTO TIRÉE DU SITE DU PARTI LIBÉRAL DU QUÉBEC

Deepak Awasti, candidat libéral dans Laurier-Dorion

Dans une lettre qu’il a cosignée et qui a été publiée dans la Montreal Gazette en 2016, Deepak Awasti affirme que la loi 101, « autrefois une réponse appropriée à la Grande Noirceur », est aujourd’hui « une ancienne calèche à l’ère de la voiture hybride ». Il ajoute que « la peur et le ressentiment que [la loi 101] reflète, le poids imposant qu’elle porte et le visage assimilateur qu’elle présente — tous sont du passé. Elle recherche l’uniformité là où la gouvernance asymétrique et le respect de la particularité ont cours ».

Il fait valoir en substance que les droits de la minorité anglophone sont brimés et qu’il faut mettre fin à cette situation. « La présence de la communauté anglophone se contracte sans relâche. Le mandat de l’Office québécois de la langue française est de promouvoir et de protéger uniquement la langue française. Quel Office protège et promeut la langue anglaise et les droits de sa communauté, une ‟nation fondatrice” du Québec ? », se demande-t-il.

Selon lui, « la société québécoise a besoin d’une autre Révolution tranquille pour moderniser la loi 101 » afin de rendre le Québec « plus inclusif ». « Les murs de Jéricho doivent s’écrouler ; laissons les vents de la liberté les balayer », conclut-il.

Dans une autre lettre, cette fois publiée dans le journal anglophone The Suburban en 2021, Deepak Awasti affirme que le gouvernement Legault n’a pas le droit d’inscrire dans la Constitution canadienne, comme il l’a fait avec la loi 96, que le Québec forme une nation et que sa seule langue officielle est le français. Le premier ministre canadien Justin Trudeau a tort de laisser le gouvernement québécois agir ainsi, selon lui.

Là encore, Deepak Awasti contredit une position du PLQ, qui a appuyé cette mesure même s’il a voté contre la refonte de la loi 101 du gouvernement Legault lors de son adoption finale.

En conférence de presse à Trois-Rivières, lundi, Dominique Anglade a répondu qu’elle n’avait « absolument pas » l’intention de rouvrir la loi 101 pour augmenter les protections de la minorité anglophone comme l’a suggéré son candidat. « La position sur la loi 101, elle est claire au Parti libéral du Québec », a-t-elle soutenu, rappelant les 27 mesures qu’elle propose pour renforcer la protection de la langue française.

La cheffe libérale a eu des « discussions » avec son candidat qui, rappelons-le, a été choisi par les membres de Laurier-Dorion et non par elle-même.

Il est parfaitement au courant des positions que nous avons et les défend maintenant.

Dominique Anglade, cheffe du Parti libéral

Deepak Awasti n’était pas disponible pour des entrevues. Il s’est blessé en installant ses pancartes électorales. Il vient de sortir de l’hôpital après avoir été soigné pour une fracture du coude, une hernie discale et une entorse lombaire, a fait savoir le PLQ.

Québec solidaire s’est emparé de la circonscription de Laurier-Dorion aux élections de 2018 ; le député sortant est Andrés Fontecilla. Le PLQ avait connu la victoire lors des quatre scrutins précédents, alors que Gerry Sklavounos le représentait avant son expulsion du caucus en 2016.

Lois 21 et 96

Dès le début de son mandat, un gouvernement libéral éliminerait les dispositions de dérogation utilisées par le gouvernement Legault pour blinder contre les poursuites judiciaires ses lois 21 sur la laïcité de l’État et 96 sur la langue française, a indiqué Dominique Anglade. Jusqu’ici, elle se contentait de dire qu’elle ne renouvellerait pas ces dispositions de dérogation à la Charte des droits et libertés après le délai de cinq ans.

Dominique Anglade a expliqué qu’elle rouvrirait la loi 21 pour faire en sorte que les enseignantes puissent porter un signe religieux et pour, par le fait même, éliminer la disposition de dérogation.

Quant à la loi 96, elle bifferait la même clause, tout comme des restrictions visant les cégeps anglophones et le délai de six mois imposé aux nouveaux arrivants pour apprendre le français.

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