(Montréal) Éric Duhaime a justifié mardi soir l’usage de la clause dérogatoire dans la Loi sur la laïcité de l’État, mais pas dans la loi 96 pour protéger la langue française. Il a promis de laisser ses députés conservateurs voter librement sur l’interdiction du port de signes religieux pour les enseignants si la loi 21 était rouverte.

Le chef du Parti conservateur du Québec ne s’en cache pas : il courtise le vote des Anglo-Québécois. Il a répondu aux questions des membres du Quebec Community Groups Network lors d’une rencontre virtuelle. Ceux-ci avaient de nombreuses questions sur sa promesse d’abroger la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français et sa position sur la Loi sur la laïcité de l’État.

« Quelle est votre position sur la loi 21, particulièrement sur la question du hijab, la kippa et le turban », lui a demandé l’animateur de la soirée, Royal Orr.

« Je crois en la liberté de religion, évidemment », a répondu Éric Duhaime. La défense des droits et des libertés individuelles est au cœur de sa campagne électorale. Il a ensuite nuancé en faisant valoir qu’il est question ici du droit d’un citoyen de recevoir « un service neutre » de l’État par rapport au droit d’une personne d’exposer sa religion dans le cadre du travail de fonctionnaire.

« Personnellement, j’ai toujours été en faveur [de la loi 21], a-t-il affirmé. Je crois que c’est un bon compromis pour avoir une bonne entente. »

L’usage de la clause dérogatoire dans la Loi sur la laïcité de l’État a une « légitimité politique », selon lui, parce qu’elle est issue d’une promesse de campagne électorale, qu’il y avait déjà eu de grands débats sur la question et qu’une majorité de Québécois la soutiennent.

« C’est correct pour un gouvernement d’utiliser la clause dérogatoire, ça fait partie de notre Constitution, c’est l’un de nos droits fondamentaux », a-t-il défendu.

« Ce que je n’ai pas aimé de la loi 96 est que cela empêchait les gens de porter leur cause devant la cour », a-t-il ajouté. Le chef conservateur avait aussi fait valoir que le gouvernement de la Coalition avenir Québec avait mal choisi son moment pour la faire adopter en pleine crise sanitaire, alors que les gens sentaient déjà que leurs droits garantis par la Charte avaient été bafoués.

Son parti n’a pas l’intention de rouvrir la loi 21 parce qu’elle « fait consensus », mais il a suggéré de permettre à ses députés de voter librement, selon la volonté de leurs électeurs et non la ligne de parti, lorsque l’interdiction du port de signes religieux par les enseignants fera à nouveau l’objet d’un débat. La clause dérogatoire doit être renouvelée après cinq ans.

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