(Montréal) Gabriel Nadeau-Dubois promet d’investir 10,7 milliards de dollars sur huit ans afin de créer « Québec rail », une société d’État qui aurait pour mandat d’assurer un transport public par train entre les principales villes du Québec. Il n’a pas été en mesure vendredi de préciser comment Québec solidaire (QS) était parvenu à chiffrer cet engagement.

Ce projet, qui figure dans le « Plan vision 2030 » de Québec solidaire, est la « pièce maîtresse d’une révolution dans les transports au Québec », a-t-il dit. Le parti de gauche propose également d’investir 2 milliards dans un premier mandat pour créer « Québec bus », un réseau de 11 lignes qui permettrait de se déplacer sans utiliser la voiture là où il n’y a pas de service par train.

Québec solidaire énumère cinq lignes ferroviaires où Québec rail offriraient d’abord des services : Matane-Québec, Québec-Montréal, Québec-Sherbrooke, Sherbrooke-Montréal et Montréal-Gatineau. Ces lignes – 1140 km de rails au total – existent déjà, explique Gabriel Nadeau-Dubois. Certaines sont de compétence québécoise, d’autres de compétence fédérale.

Dans tous les cas, le gouvernement devrait négocier avec les entreprises qui les détiennent afin de les mettre à jour, de construire des voies de contournement afin de laisser passer des trains de marchandises et pour négocier le droit de passage de trains électriques publics.

« On a travaillé avec plusieurs experts. […] On a fait nos devoirs. Cette proposition-là est réaliste avec les emprises de rail existantes », a affirmé vendredi M. Nadeau-Dubois.

Il faut prendre en considération qu’on ne construit aucun nouveau tronçon avec ce projet-là. On n’a pas à construire de nouveaux rails. Ce sont des estimations qui sont basées sur les investissements nécessaires pour rénover ou améliorer certaines parties des tronçons existants, [et des] investissements qui permettent de construire des infrastructures manquantes, par exemple des gares.

Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec solidaire

Détails du coût

Le chef parlementaire de QS n’a pas été en mesure d’expliquer comment il avait déterminé le coût de 10,7 milliards, qui serait un investissement initial pour lancer Québec rail d’ici 2030 sur les cinq premiers tronçons. Son candidat dans la circonscription de Taschereau à Québec, Etienne Grandmont, a également affirmé qu’on « n’est pas à Génies en herbe », alors que le parti était questionné sur le coût d’acquisition ou de construction des trains électriques qu’il souhaite déployer.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Etienne Grandmont (à droite), candidat solidaire dans Taschereau, accompagné de Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec Solidaire, en août dernier

« Notre projet est réaliste », a assuré M. Nadeau-Dubois. « On ne rédigera pas les appels d’offres aujourd’hui avec vous, mais on aurait un préjugé favorable pour que ces trains soient construits au Québec », a-t-il ensuite affirmé.

M. Nadeau-Dubois a rappelé que chaque tronçon prévu pour « Québec rail » est distinct, et qu’il n’existe pas un scénario unique pour développer ce nouveau réseau.

« Prenons le tronçon Québec-Matane. On va conclure le partenariat avec le CN, qui est propriétaire de ce segment-là. On va mettre de l’argent sur la table pour réhabiliter les rails. […] Notre service sera complémentaire au service actuel de VIA Rail », a-t-il expliqué.

Ce qu’on propose n’est pas un monopole public. Il y aura encore des opérateurs privés. VIA Rail pourra continuer s’il le souhaite de pouvoir opérer où ils ont du service.

Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec solidaire

Après le point de presse, le parti avait expliqué aux journalistes qu’il a évalué le coût de leur projet entre 7 et 11 millions de dollars du kilomètre. « Cette estimation inclut l’achat des trains et les infrastructures [comme la] mise à niveau et [la] poste de nouvelles voies, ainsi que le développement des gares. »

Un réseau public par bus

Québec solidaire propose également de développer d’ici quatre ans 11 lignes de bus interurbain exploitées par une société d’État, qui compléterait le réseau là où il n’y a pas de service sur rail. Selon le parti de gauche, il s’agirait d’une toile de plus de 4000 km de routes. Une entreprise privée comme Orléans Express ne pourrait plus opérer sur une ligne où Québec bus irait, notamment sur le corridor Montréal-Québec.

Pour lancer Québec bus, le parti de Gabriel Nadeau-Dubois prévoit investir 2 milliards au cours d’un premier mandat. Cela permettrait au gouvernement, dit-on, d’opérer entre Montréal et Rouyn-Noranda, dans la région de l’Abitibi, entre les régions de Lanaudière et des Laurentides, sur la route 132, entre Montréal et Québec, Sherbrooke et Québec, Québec et Saguenay, Québec et Sept-Îles, en Gaspésie et à Chibougamau.