(Sherbrooke) Québec solidaire (QS) recule sur sa promesse de « mettre fin aux listes d’attente en santé mentale », comme il l’avait annoncé au printemps dernier à titre de premier engagement électoral. Gabriel Nadeau-Dubois promet désormais de « faire diminuer cette liste d’attente le plus possible » en investissant 700 millions de dollars sur quatre ans, s’il remporte l’élection.

Le chef parlementaire de QS a recyclé dimanche l’engagement de son parti avec sa candidate dans la circonscription de Saint-François, la médecin spécialiste en santé publique Mélissa Généreux. M. Nadeau-Dubois promet d’embaucher 900 psychologues de plus dans le réseau public, ainsi que d’ajouter 1000 professionnels en santé mentale, comme des travailleuses sociales, dans les réseaux de la santé et de l’éducation.

« L’objectif, à terme, c’est qu’il n’y ait plus de listes d’attente en santé mentale au Québec, mais il ne faut pas se voiler le visage. La crise en santé mentale, elle est grave, notamment chez les jeunes. On veut faire diminuer cette liste d’attente le plus possible. On va travailler très fort pour y arriver. […] Mais les promesses lancées en l’air, je pense qu’en santé en général, les Québécois sont tannés de ça », a-t-il déclaré.

Pourtant, le 16 avril dernier, Québec solidaire promettait solennellement de « mettre fin aux listes d’attente » en présentant exactement le même plan. Que s’est-il passé depuis ?

« Ce que je vous dis, c’est qu’on va réduire ces listes-là au minimum et on va vouloir que tout le monde au Québec ait accès à des soins de santé mentale gratuits, publics et dans un délai le plus court possible », a répété dimanche M. Nadeau-Dubois.

Il y a des différences de formulation, mais l’idée est la même.

Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire

Erreur de calcul 

Québec solidaire s’est également trompé dans son calcul, dimanche, lorsqu’est venu le temps d’expliquer comment il financerait son engagement électoral. Dans un premier temps, le parti a indiqué par voie de communiqué que sa promesse coûterait « 280 millions de dollars par année ». L’équipe des communications de Gabriel Nadeau-Dubois a donc confirmé que la mesure coûterait 1,1 milliard au cours d’un éventuel premier mandat.

Quelques heures plus tard, QS a dépêché le responsable des contenus de sa tournée à l’intérieur de l’autocar des médias pour rectifier l’erreur. Dans les faits, a-t-il expliqué en citant le cadre financier du parti, la promesse coûterait 280 millions par année dans quatre ans, avec un déploiement progressif de 70 millions la première année, 140 millions la deuxième, 210 millions la troisième et 280 millions la quatrième (pour un total de 700 millions au cours d’un mandat).

Des 280 millions par année à terme, après l’ajout de 900 psychologues et de 1000 professionnels en santé mentale dans le réseau, une somme de 70 millions servirait à rehausser les salaires des psychologues du secteur public.

Attention aux promesses « Lipton »

Concernant les listes d’attente pour voir un professionnel, Gabriel Nadeau-Dubois n’a pas chiffré ce qui est pour lui un délai « le plus court possible » afin de voir un intervenant. Le chef parlementaire solidaire a affirmé dimanche qu’il fallait éviter les promesses de type « Lipton ».

« Chaque fois que les politiciens ont fait des promesses comme ça, elles ont été brisées. Quatre-vingt-dix minutes dans les urgences, disait François Legault en 2018. Un médecin par Québécois, ont promis Pauline Marois, Jean Charest et François Legault. Mon collègue Vincent Marissal appelle ça des promesses Lipton. Ça fait une belle clip à la télé, tu rajoutes un peu d’eau, ça fait une soupe. [Mais] ces promesses-là en santé, c’est ce qui a brisé la confiance des Québécois envers leur système », a-t-il dit.

« Nous, ce qu’on dit, c’est qu’on a de l’ambition, on a une vision pour régler la crise de santé mentale et qu’on va investir de manière sans précédent », a ajouté M. Nadeau-Dubois.