(Québec) La Coalition avenir Québec (CAQ) et Québec solidaire (QS) se disputent sur le changement d’adresse à la liste électorale pour les jeunes qui étudient dans une autre région que leur domicile familial. Le parti de François Legault accuse même son adversaire d’encourager un mouvement qui pourrait être considéré comme une manœuvre électorale frauduleuse.

Le chef parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, réfute les accusations de la CAQ, assurant que son parti respecte la loi électorale et agit conformément à celle-ci. « La loi est claire. Elle permet aux gens de changer d’adresse pour s’assurer qu’ils votent dans la bonne circonscription, c’est-à-dire la circonscription où ils ont leur domicile. Ce qu’on rappelle aux gens, c’est qu’ils ont cette possibilité-là », a-t-il défendu lundi.

Dimanche, la candidate solidaire dans la circonscription de Rimouski, Carol-Ann Kack, publiait sur son compte Instagram une publication éphémère (une « story », dans le jargon) où elle rappelait à ses abonnés qu’ils avaient jusqu’à lundi « pour faire votre changement d’adresse par internet ». Mme Kack accompagnait sa publication d’une photo de la carte électorale du Québec où son parti gagnait plusieurs circonscriptions « si seulement les 18-34 ans votaient ».

La CAQ considère pour sa part que le parti de gauche ne respecte pas la loi électorale et qu’il incite les jeunes, dont le domicile est par exemple toujours chez leurs parents, à changer d’adresse pour voter dans une autre circonscription. Plus tôt au cours de la campagne électorale, QS avait retiré en Estrie des dépliants invitant les étudiants à changer d’adresse lors du vote sur les campus pour appuyer ses candidates dans les circonscriptions de Sherbrooke et de Saint-François.

« Ce que je vois, c’est l’état-major de la CAQ qui travaille très fort pour mettre des bâtons dans les roues à Québec solidaire, pour s’assurer que les jeunes ne votent pas là où ils ont leur domicile », a déclaré M. Nadeau-Dubois lundi.

« La décision d’accepter ou pas un changement d’adresse, ce sont les instances du [Directeur général des élections du Quégec, DGEQ] qui la prennent. Ce n’est ni la CAQ ni Québec solidaire », a-t-il ajouté.

De son côté, la CAQ confirme s’être adressée au DGEQ pour dénoncer ce que le parti considère comme un « stratagème organisé » qui ne respecterait pas la loi électorale. QS réplique qu’il n’a reçu à ce jour aucun avertissement de l’institution chargée de l’application de la législation électorale.

La loi expliquée

Le vote par anticipation sur les campus des universités et des cégeps débute le 23 septembre. Par courriel, le DGEQ a expliqué que « les électrices et les électeurs doivent voter pour une personne candidate de la circonscription où se trouve leur domicile ».

« Le domicile d’une personne est l’endroit qu’elle considère comme sa principale demeure, qu’elle donne en référence pour l’exercice de ses droits civils et qu’elle indique publiquement comme étant son domicile – par exemple, dans ses communications avec les instances gouvernementales, dans sa déclaration de revenus et dans les documents liés à son prêt étudiant », a-t-il affirmé.

« Souvent, les étudiants vont habiter à proximité de leur lieu d’étude, mais leur domicile est toujours à la maison de leurs parents, qui peut se trouver dans une autre circonscription que celle de leur campus. Ils votent alors pour une personne candidate de la circonscription de leur domicile. C’est l’esprit du vote sur les campus : éviter aux étudiants d’avoir à se rendre dans leur circonscription pour exercer leur droit de vote. Près de 80 % des votes exercés sur les campus, lors des élections de 2014 et de 2018, ont d’ailleurs été comptabilisés dans une autre circonscription que celle du campus », a ajouté le DGEQ.