( ) Des votes favorables à la Coalition avenir Québec (CAQ) sur tout le territoire, mais des appuis plus régionaux pour les partis de l’opposition. Les résultats du vote de lundi soir confirment le réalignement de la politique québécoise observé depuis 2018, estime le politicologue Éric Montigny.

Le bilan est le même que pour les résultats par sièges : un seul parti fait preuve de régularité dans la répartition des votes, la CAQ. « On constate que le seul parti qui était compétitif sur l’ensemble du territoire québécois, c’est-à-dire qui avait des luttes dans chacune des régions administratives du Québec, c’est la CAQ », confirme Éric Montigny, professeur de science politique à l’Université Laval.

Le parti de François Legault se place en tête des votes dans l’ensemble des régions du Québec, à l’exception de l’île de Montréal, davantage favorable au Parti libéral du Québec (PLQ) et à Québec solidaire (QS). Les candidats caquistes ont récolté 18,7 % des votes dans l’île alors que ce taux est supérieur à 40 % pour tout le reste du territoire.

Le PLQ, dont la majorité est évidente dans l’île de Montréal, avec 34,9 % des votes, ne jouit pas de la même régularité, au contraire. « Le Parti libéral du Québec, par rapport aux dernières élections, est en recul clair partout en termes de vote populaire », affirme Éric Montigny.

En effet, l’influence du PLQ diminue déjà dans les couronnes montréalaises, avec seulement 14,5 % des votes, pour s’effondrer complètement dans la région de Québec et dans le reste de la province, avec moins de 10 % des appuis.

Comment expliquer cette chute des votes en faveur des caquistes ? Selon Éric Montigny, le PLQ, qui profitait notamment du clivage linguistique et de l’enjeu du « oui-non à l’indépendance », ne pourrait plus compter sur ces arguments culturels et politiques. « L’axe de l’indépendance n’est plus structural comme il l’était auparavant. »

Ce changement touche aussi le Parti québécois (PQ), qui obtient son score le plus bas historiquement avec des votes oscillant entre 16,9 % pour les circonscriptions en dehors des grands centres et 10,7 % pour l’île de Montréal.

Résultat : les combats à trois se sont faits rares. Ils n’existent plus que dans l’île de Montréal, qui obtient la répartition des votes la plus équilibrée avec une majorité à 34,9 % pour le PLQ et une deuxième place à 22,5 % pour QS. La CAQ arrive troisième avec 18,7 % des votes.

Dans l’île, le clivage linguistique influe encore sur les votants, indique Éric Montigny. Les francophones préféreraient QS, les anglophones et allophones, le PLQ. Ailleurs, les combats sont des duels qui impliquent presque toujours le parti du gouvernement sortant.

Si les changements d’axes politiques modifient la carte des votes, certains châteaux forts de parti survivraient tout de même, car ils sont des « sous-systèmes partisans », comme les nomme Éric Montigny. À l’image du PLQ dans l’île de Montréal, le Parti conservateur du Québec (PCQ) a connu un succès centralisé dans la région de Québec, avec 25,1 % des votes. La récolte a été plus maigre dans la région de Montréal, où ses appuis étaient inférieurs à 10 %.

Ces châteaux forts, notamment ceux des libéraux, ne semblent pourtant plus compter autant qu’auparavant. « On assiste à un réalignement des forces politiques au Québec, ça se confirme depuis 2018 », nous explique Éric Montigny. Un réalignement qui semble d’ailleurs n’avoir profité qu’à la CAQ.