La réfection de la centrale Gentilly-2 a beau avoir été annoncée en août dernier, un groupe d'écologistes, d'artistes et de scientifiques fait le pari de pouvoir faire renverser la vapeur.

Ils se sont d'ailleurs réunis, mardi à Montréal, pour lancer leur campagne «Sortons le Québec du nucléaire».

Le groupe est persuadé qu'Hydro-Québec sous-estime les coûts de réfection de la centrale nucléaire Gentilly-2. Il avance le chiffre de 3,8 milliards $ plutôt que le 1,9 milliard $ prévu.

Les opposants ne comprennent pas pourquoi Hydro-Québec et le gouvernement du Québec poursuivent l'aventure nucléaire, alors que le Québec développe déjà d'autres barrages hydroélectriques et des parcs d'éoliennes. Comme solution de rechange, les opposants prônent aussi des mesures d'efficacité énergétique.

«Si on regarde l'histoire du mouvement environnemental, on a souvent été mis devant des faits presque accomplis. Dans ce cas-là, ce n'est pas accompli, ça n'a pas commencé, mais probablement qu'il y a déjà des contrats qui ont été signés», signale la cofondatrice d'Equiterre Laure Waridel, du groupe Nature Québec.

Le public est invité à signer une pétition en ligne et à adresser un message à Hydro-Québec ainsi qu'au premier ministre du Québec Jean Charest.

«C'est drôle! En ce moment, on demande aux Québécois de se débarraser des petits sacs de plastique parce que ça prend 100 ans à se bio-dégrader dans des sites d'enfouissement et, en même temps, on leur dit 'on va faire une centrale nucléaire avec des déchets qui prennent 1 000 000 d'années à se dégrader. Il y a quelque chose là-dedans qui envoie un double message», a déploré pour sa part M. Karel Mayrand, directeur pour le Québec de la Fondation David Suzuki.

Lors de l'annonce de la réfection de la centrale nucléaire Gentilly-2, le 19 août dernier, le pdg d'Hydro-Québec, Thierry Vandal, avait indiqué que Gentilly-2 était un maillon important de l'approvisionnement énergétique du Québec, qui contribue à donner à la province une marge de manoeuvre en matière de sécurité énergétique.

M. Vandal avait souligné que la centrale produit annuellement 5 térawatts-heure d'électricité, soit autant que les nouvelles centrales d'Eastmain-1A et de Péribonka combinées.

Parmi les artistes qui appuient la campagne Sortons le Québec du nucléaire, on retrouve Diane Dufresne, Richard Séguin, Céline Bonnier, Frédéric Back, Jean Lemire, Michel Rivard, François Avard, Martin Petit et Daniel Lavoie.

Docteur en physique nucléaire et professeur en génie électrique à l'Université Laval, Michel Duguay assure que «le Québec n'a pas besoin de Gentilly-2 pour stabiliser le réseau». Il soutient que d'autres solutions de rechange existent, «beaucoup moins coûteuses et beaucoup plus écologiques» que le nucléaire.