Greenpeace se distancie du projet. La coalition Québec-Kyoto et l'Association de la lutte contre la pollution atmosphérique ont déjà ouvertement dénoncé l'idée. Malgré tout, Équiterre persiste et signe avec son projet de construction d'une Maison du développement durable, au centre-ville, en plein coeur du Quartier des spectacles.

L'organisme, déjà partenaire d'Hydro-Québec dans ce projet, vient de conclure un partenariat avec Bell Canada et s'apprête à lancer une campagne de financement auprès des entreprises privées, a appris La Presse. De quoi faire grincer des dents les écologistes purs et durs, qui clament qu'il faut absolument maintenir «une distance» entre les organismes et les compagnies pour assurer une «objectivité environnementale.»

 

Grâce à Hydro-Québec, qui a cédé un de ses terrains par emphytéose pour 50 ans, à l'angle des rues Sainte-Catherine et Clark, Équiterre a bon espoir de faire sortir de terre son siège social au mois de mai, pour une ouverture à l'automne 2010. Actuellement, des tests sont réalisés sur le site afin d'installer un audacieux système de géothermie qui alimentera tout le bâtiment.

Au début du mois de février, le projet a franchi une étape importante en obtenant l'appui des élus de l'arrondissement de Ville-Marie. Les citoyens du quartier qui sont en désaccord avec le projet ont jusqu'au 27 février pour demander un référendum. Après cette date, il sera trop tard. «Il ne restera qu'à approuver le projet», précise Jacques-Alain Lavallée, porte-parole de l'arrondissement, qui ajoute qu'on n'aura jamais fait aussi vert en matière de construction à Montréal.

La future Maison du développement durable enfreint toutefois les règles d'urbanisme avec ses six étages projetés, soit cinq mètres de plus que les limites permises dans le secteur. Même si des places de stationnement doivent obligatoirement être aménagées, selon le règlement, Équiterre a d'autre part décidé de suivre complètement les notions de développement durable en demandant une dérogation pour bannir les véhicules au profit de 40 places pour vélos réparties à l'extérieur et à l'intérieur de l'édifice.

Quant à Hydro-Québec, elle pousse l'audace plus loin en acceptant d'aménager une sorte de parc écologique entre la nouvelle construction et le Théâtre du Nouveau Monde, l'institution voisine. La garderie Le Petit Réseau, qui accueille les enfants des employés d'Hydro-Québec, emménagera dans la Maison du développement durable et accueillera les enfants des employés des organismes locataires.

«Nous sommes mal à l'aise, explique André Bélisle, de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique. On remarque depuis déjà un bon moment qu'Équiterre ne critique pas beaucoup Hydro-Québec. Et on se demande par ailleurs pourquoi l'organisme reçoit plus d'argent du gouvernement que tous les organismes environnementaux du Québec réunis.»

Afin de calmer le jeu, Équiterre a rencontré une vingtaine d'organismes pour expliquer le projet. «ll est habituel que les organismes reçoivent des sources de financement de toutes sortes, précise François Boulanger, coordonnateur énergie, transports et bâtiments d'Équiterre. On pense que notre approche est correcte.»

Grâce à ce projet, Équiterre ambitionne d'aller chercher une certification platine, la plus haute distinction Leed en matière de construction. Afin d'y parvenir, il est prévu d'aménager un toit vert et un bistro de 80 places qui servira bio, local et équitable. La Maison étudie aussi les façons de récupérer les matières organiques, soit en les compostant ou en les acheminant dans un centre de transformation. Enfin, le vitrage sera triple afin de réduire les pertes d'énergie.

 

La Maison en bref

La Maison verte abritera neuf organismes: Équiterre, le centre de la petite enfance Petit Réseau, le Centre québécois du droit de l'environnement, le Conseil régional de l'environnement (CRE) de Montréal, Environnement Jeunesse, la Fondation David Suzuki, Option Consommateurs, le Regroupement de services Éco-quartiers et le Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du Québec. Le cinquième étage est encore à louer à un partenaire éventuel.

Coût du projet: 30 millions, payés par le privé et une subvention de 7 millions du gouvernement du Québec.

Il s'agira d'un édifice de six étages, avec rez-de-chaussée vitré, ouvert au public: bistro bio de 80 places, centre de conférence de 100 places et atrium. Il comportera aussi un Centre d'interprétation sur le bâtiment vert et sur le développement durable.