La chose est passée complètement inaperçue cette semaine et pourtant, elle revêt une importance d'autant plus grande que nos vies pourraient en être bouleversées...

Jeudi, à l'Assemblée nationale, les élus péquistes ont lancé l'idée d'une commission itinérante du genre Bouchard-Taylor, dont le mandat serait d'examiner la pertinence, pour le Québec, d'abandonner le pétrole et ainsi, d'atteindre l'indépendance énergétique.

Les libéraux ont refusé. Pour l'instant.

Car la pression dans ce dossier ne cesse de croître. L'an dernier, alors que la Suède a décidé d'emprunter cette voie, l'ancien premier ministre Bernard Landry et le Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement ont suggéré que le Québec emboîte le pas.

Cette année, le Parti québécois, le Réseau des ingénieurs du Québec, le collectif environnemental MCN21 (Maîtres chez nous 21e siècle) ainsi qu'un expert des questions énergétiques de l'Université de Montréal, Normand Mousseau, ont enfoncé le clou à leur tour.

«Le Québec pourrait se sevrer presque complètement de sa dépendance aux hydrocarbures en 10 à 15 ans, et ce, sans difficulté majeure», écrit M. Mousseau dans un livre au titre peu équivoque, L'avenir du Québec passe par l'indépendance énergétique.

«Il ne manque qu'une direction politique claire et forte», précise-t-il.

Pour l'heure, le gouvernement Charest est occupé à bâtir une offre énergétique visant à répondre aux besoins sans cesse grandissants des Québécois et de leurs voisins. Soit. Mais alors qu'une lueur point à l'horizon économique, les ouvrages et reportages sur les lendemains de la crise financière arrivent aux mêmes deux conclusions: 1) Une hausse radicale des prix du pétrole est inévitable; 2) Personne n'est prêt à faire face à une telle situation.

«Aujourd'hui, en plein milieu de la pire crise des 60 dernières années, le baril s'échange à un peu plus de 60$, note en entrevue l'ancien économiste en chef de la CIBC Jeff Rubin. Pas besoin d'un diplôme en économie pour imaginer combien il coûtera quand la récession sera finie, quand les gens retrouveront un emploi, quand ils recommenceront à conduire...»

Or, s'il y a un endroit qui pourrait espérer se mettre à l'abri de telles fluctuations, c'est bien le Québec, dont 50% de l'énergie provient déjà de sources renouvelables. «Le Québec, confirme Normand Mousseau, est particulièrement bien placé pour devenir la première grande économie à abandonner le pétrole.»

Selon le «Grand Plan» que propose ce dernier, l'indépendance énergétique passerait par le retour à des technologies d'antan (tramway, trolleybus, train, aménagement des villes), une réduction importance de notre consommation d'énergie, une refonte du Code du bâtiment ainsi qu'une foule d'autres initiatives.

Pour ne plus être à la merci du cours du baril, d'abord. Mais aussi pour s'affranchir des pays dont la production de pétrole conventionnelle est en déclin et pour renflouer la balance commerciale de notre secteur énergétique, dans le rouge de plusieurs milliards de dollars chaque année...

«C'est en quelque sorte la version 21e siècle de ce que Jean Lesage et René Lévesque ont initié en 1962», note l'écologiste et ancien candidat du NPD Daniel Breton, dans le manifeste de MCN21.

Au cours des prochains mois, alors qu'Hydro-Québec planche sur son prochain plan stratégique, la pression montera assurément dans ce dossier, car pas moins de deux tournées nationales sont prévues: l'une menée par le Regroupement des conseils régionaux de l'environnement, l'autre par le collectif MCN21.

En outre, fait rarissime, une député libérale, Maryse Gaudreault, a rompu la solidarité de son parti jeudi, s'abstenant de voter contre l'idée du Parti québécois, a appris La Presse.

De là à dire que la graine est semée, non. Mais à tout le moins, que le terreau est fertile.

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Montréal, dans le top 5

Certains urbains avaleront leur café équitable de travers en apprenant que le très réputé site web américain Treehugger classe Montréal au 4e rang des villes vertes à visiter, notamment pour son quartier... DIX30. Eh oui, ce tout nouveau secteur de Brossard entièrement construit sur une terre agricole de grande qualité, quasi impossible à joindre autrement qu'en auto, est cité parmi les endroits où loger à Montréal, «une ville qui fourmille de vertes initiatives»...

Photo David Boily, Archives La Presse

Le quartier DIX30.

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Le retour du laitier?

La chaîne d'épicerie Whole Foods a décidé de ramener la bonne vieille pinte de lait en verre, au grand bonheur des nostalgiques... et des écolos. La bouteille, frappée d'une consigne de 1$, doit être retournée afin d'être remplie à nouveau. Certains applaudissent le geste pour ses vertus environnementales (réduction des déchets, production moindre de sacs et de carton), d'autres parce qu'ils considèrent que le lait devient plus froid et qu'il a bien meilleur goût dans une bouteille de verre. À Montréal, même si un producteur est présent dans certains petits magasins, les grandes chaînes ne l'offrent toujours pas...

Photo: Ivanoh Demers, La Presse

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Courrier du bac

Q L'air de Montréal est-il plus pollué aujourd'hui qu'il y a 30 ans? (J.L. Montréal)

R Montréal, fait peu connu, fut l'une des premières villes canadiennes à adopter une réglementation sur la qualité de l'air... en 1872. Depuis, la qualité de l'air ne cesse de s'améliorer, selon Diane Boulet, chimiste à la Ville de Montréal. Il faut dire que la Ville a été aidée par l'installation des pots catalytiques, l'élimination du plomb dans l'essence et la diminution de la teneur en soufre dans le mazout. Cependant, certains polluants dont on ne soupçonnait pas l'existence il y a 30 ans ont depuis fait leur apparition, comme les particules fines, qui elles sont en hausse.

Photo: Alain Roberge, Archives La Presse

En 2008, l'air était de mauvaise qualité une journée sur cinq à Montréal, une hausse de 50% par rapport à l'année précédente, selon les données de la Ville.