Prenant d'assaut le web, Fondation Rivières et Nature Québec ont lancé aujourd'hui une vaste campagne virale visant à présenter aux Québécois les alternatives à l'hydroélectricité.

Appuyée par une brochette impressionnante de 11 artistes, dont Roy Dupuis, Paul Piché, Céline Bonnier et Christian Bégin, la campagne AvecEnergie.org  entend démontrer le retard qu'accuse le Québec en matière d'énergies renouvelables.

Les groupes écologistes visent ultimement à créer un mouvement citoyen qui fera perdre aux Québécois leur «réflexe de castor».

«Généralement, le débat énergétique se limite à des énoncés du gouvernement et d'Hydro-Québec, présentés comme la plus pure vérité, se désole Christian Simard, de Nature Québec. Or nous avons au Québec une révolution énergétique à faire.»

Dénonçant la «stratégie du tout-à-l'hydroélectricité» qui prévaut depuis les années 1960, les environnementalistes proposent de «reprendre la voie de la fierté et du succès québécois en matière d'énergie» en prenant résolument le virage de l'efficacité énergétique et des énergies vertes.

Sous la forme de courts vidés d'environ une minute, les artistes nous présentent une énergie renouvelable comme la géothermie (Aubert Pallascio), le biogaz (Sophie Cadieux) ou l'éolien (Yann Perreau). Certains autres évoquent les choix du passé (Christian Bégin) ou les dangers de l'exportation (Paul Piché).

«Nous le savons maintenant, nos voisins et clients américains vont investir en trois ans plus de 100 milliards en énergie verte, explique ainsi Paul Piché. Et ils n'ont pas l'intention de favoriser l'hydroélectricité. Avec la Romaine, on peut donc se demander si on n'est pas en train de vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué.»

Roy Dupuis, porte-parole de la Fondation rivière, présente pour sa part une vidéo intitulée Qui sont les clowns. Arborant un nez rouge de circonstance, il affirme sans détour que «les clowns ne sont pas toujours ceux qui ont un nez de clown», une attaque que l'on devine être destinée au gouvernement Charest.

Les groupes et artistes impliqués dans la campagne souhaitent que les citoyens s'emparent de cette campagne et la fassent connaître à leurs voisins et amis, mais aussi aux élus et aux patrons.

Il s'agit, selon eux, de la seule façon de sensibiliser les décideurs au fait que la «presque totalité» des rivières se jetant dans le Saint-Laurent, jusqu'à la hauteur de Sept-Îles, ont été harnachées. Cela, indique Christian Simard, signifie qu'autant d'écosystèmes ont été bouleversés.

«Enfin, les citoyens auront accès à de l'information qui ne vient pas des grands lobbies énergétiques, se réjouit Anne-Marie Saint-Cerny, de la Fondation Rivières. Ils verront d'eux-mêmes que non seulement le Québec détruit ses chances de  participer au grand mouvement économique du XXIe siècle, mais que les choix gouvernementaux actuels mènent tout droit à des pertes économiques énormes pour l'État et les citoyens.»

Pour sa part, Hydro-Québec prend acte du lancement de la campagne. Précisant être ouverte à ce que toutes les opinions s'expriment, la société d'État ajoute avoir déjà pris le virage proposé.

«Nous sommes tournés vers le développement durable et l'efficacité énergétique, indique Marc-Brian Chamberland, porte-parole. Hydro-Québec n'a pas à avoir honte de son bilan, c'est clair.»

Côté gouvernemental, Québec a annoncé vendredi dernier la création d'un groupe de travail et de conseil sur les énergies vertes avec, à sa tête, l'écologiste Steven Guilbeault. Fort d'un budget de 8 millions de dollars sur deux ans, il doit permettre l'élaboration d'un plan visant à stimuler la recherche sur les énergies émergentes.