Le réchauffement de l'Arctique depuis le début du 20e siècle marque la fin d'un cycle de refroidissement de 8000 ans et résulte probablement des émissions de gaz à effet de serre provoquées par les activités humaines, selon une étude de climatologues américains parue jeudi.

Analysant les couches sédimentaires d'anciens lacs, les cercles de croissance des arbres, des carottes de glace et d'autres indices, ces chercheurs ont pu reconstituer l'évolution du climat et des températures arctiques depuis 8000 ans et plus précisément, décennie par décennie, depuis 2000 ans. Au cours des huit mille dernières années, l'Arctique recevait de moins en moins d'énergie solaire l'été, se refroidissant de 0,2 degré Celsius par millénaire, un phénomène s'expliquant par un changement d'axe de rotation terrestre.

Mais cette tendance ancienne s'inverse depuis 1900, année qui marque le début de la remontée des températures, selon la reconstitution du climat et des températures effectuée par les climatologues.

Ce réchauffement s'est même accéléré après 1950 et la dernière décennie a été la plus chaude dans l'Arctique depuis 2000 ans. Aujourd'hui la température est d'1,2 degré Celsius plus élevée qu'en 1900.

«La quantité d'énergie reçue du soleil au 20 siècle continue à diminuer mais la température a augmenté pour la première fois» depuis deux mille ans, relève Nicolas McKay, de l'Université d'Arizona, un des co-auteurs de cette étude publiée dans la revue américaine Science datée du 4 septembre.

«Le 20e siècle est le premier siècle durant lequel la quantité d'énergie solaire n'est plus le facteur qui détermine la température de l'Arctique», ajoute-t-il.

La Terre continue à s'éloigner du soleil et se trouve aujourd'hui à une distance de près d'un million de kilomètres plus grande, précise Gifford Miller, professeur de climatologie à l'Institut de recherche alpine et arctique à Boulder, un des co-auteurs de la recherche.

De précédentes études ont montré une montée de la température près de trois fois plus rapide au 20e siècle dans l'Arctique que partout ailleurs dans l'hémisphère nord.

«L'Arctique est particulièrement sensible au changement climatique provoqué par les activités humaines», note Jonathan Overpeck, directeur de l'Institut de l'Environnement de l'Université d'Arizona, un autre co-auteur de cette recherche qui a demandé cinq ans de travail.

Comme l'Arctique devient plus chaud, le réchauffement s'accélère car il y a moins de neige et de glace qui réfléchissent l'énergie solaire. Les eaux et le sol foncés de l'océan arctique absorbent la chaleur du soleil faisant encore monter davantage la température, explique-t-il.

Les auteurs de cette étude ont également comparé leurs résultats avec la reconstitution du climat arctique fait avec un modèle informatique du Centre national de recherche atmosphérique de Boulder.

Ce modèle a fait ressortir les mêmes tendances de refroidissement de l'Arctique durant huit mille ans et confirme les tendances observées sur le terrain par ces chercheurs.

Ces derniers relèvent que le réchauffement de l'Arctique aura des conséquences sur l'ensemble de la planète avec la montée du niveau des océans résultant de la fonte de la banquise.

Pour le professeur Miller «cette étude fournit des annales sur la durée, montrant comment les gaz à effet de serre provenant des activités humaines bouleversent le système climatique naturel de l'Arctique».