Plus de 500 scientifiques du Québec, du Canada et de l'étranger ont signé une lettre invitant le premier ministre Jean Charest à maintenir son engagement de protéger la moitié du territoire du Plan Nord.

De ces 513 scientifiques, 165 viennent du Québec, soit des différentes universités, de l'Institut national de recherche scientifique ou d'organismes comme Nature Québec, Canards illimités et autres.

Les signataires invitent le premier ministre à concevoir cette région au nord du 49e parallèle dans une optique de développement durable, puisqu'elle abrite des écosystèmes parmi les plus riches de notre planète, en plus de constituer un réservoir de carbone.

«C'est important entre autres parce que c'est un des grands territoires intacts qu'il nous reste sur la planète», a expliqué en entrevue Marcel Darveau, l'un des signataires, chef à la recherche et à la conservation boréales pour le Québec chez Canards illimités Canada.

Lors de la dernière campagne électorale, le premier ministre du Québec s'était engagé à mettre 50 pour cent de ce territoire «à l'abri du développement industriel, minier ou énergétique». Il s'agit là d'une superficie équivalente à celle de la France.

Il avait alors précisé que d'ici 2015, 12 pour cent du territoire du Plan Nord aurait le statut d'aires protégées et que pour les 38 pour cent restant, «seul le développement récréotouristique et de mise en valeur de notre patrimoine naturel sera permis».

Les scientifiques ont donc tenu à mettre leur poids et leur crédibilité dans la balance, afin d'inviter M. Charest à maintenir son engagement de conservation et même à être prudent dans le développement de l'autre moitié de ce vaste territoire.

«Le développement économique, c'est sûr que s'il est fait sur 50 pour cent du territoire, ça pourrait avoir des conséquences négatives sur l'autre 50 pour cent», a rappelé M. Darveau.

«Si on veut maintenir l'intégrité écologique ou le fonctionnement des systèmes naturels, il faut une vision biologique et il faut respecter certains principes que nous, on rappelle au gouvernement. L'idée c'est de planifier dès le début à la fois le développement et la conservation», a indiqué M. Darveau.

Les signataires suggèrent que quatre critères soient respectés pour garantir la viabilité de l'écosystème, comme la préservation des populations de toutes les espèces indigènes et la résilience aux changements environnementaux à court et long termes.

Le Nord du Québec abrite selon ces scientifiques 340 000 000 d'oiseaux, plus de 1 000 000 de caribous toundriques et des populations de poissons d'eau douce parmi les plus grandes en Amérique du Nord.