Tondeuse à gazon, débardeur, mini-bus scolaire ou benne à ordures, le cheval reprend du service en ville et, au vu des témoignages de différentes municipalités pionnières en la matière, la réintroduction du noble animal en milieu urbain est une solution d'avenir.

«Les avantages sont indéniables: outre l'économie réalisée à la base, il y a moins de nuisances sonores et visuelles, moins de pollution et une revalorisation des missions des quatre agents chargés de la collecte», affirme Sylvie Sagne, directrice adjointe du service des espaces verts à Lyon (France). Elle évoque aussi «les très nombreux témoignages positifs de la population» et «le renforcement du lien social grâce au cheval» à Lyon. Dans la troisième ville de France, le cheval a été réintroduit il y a deux ans pour la collecte des déchets dans le vaste parc de la Tête d'or, qui accueille l'été plus de 55.000 promeneurs par jour.

«Il a fallu auparavant deux ans de réflexion pour mettre en place ce projet, qui remonte à 2005: c'est long, la préparation doit être méthodique et minutieuse pour éviter les échecs», rappelle cette responsable. «Mais les frais d'investissement ont été beaucoup moins lourds que si nous avions dû acheter une nouvelle benne à ordures et les frais de fonctionnement sont quasi-équivalents», ajoute-t-elle.

Lyon, imité par Strasbourg, envisage à présent le recours aux équidés pour le ramassage des feuilles et des bois morts, pour le débardage, l'arrosage ou des actions d'animation pédagogiques.

Blois et une centaine de communes en France mais aussi en Belgique se sont lancées dans l'aventure ou sont prêtes aujourd'hui à travailler avec des chevaux.

Alors que le cheval était utilisé dans presque toutes les communes il y a seulement cinquante ans, la mécanisation l'a presque fait disparaître.

Mais les témoignages, notamment celui de Mme Sagne, apportés jeudi lors d'un colloque à Lampertheim, près de Strasbourg, ont sérieusement écorné l'image parfois gadget ou passéiste du cheval et devraient inciter d'autres élus à réfléchir sérieusement à sa réutilisation dans leurs services municipaux.

Vincent Yver, de l'association Equiterra, a apporté des précisions sur les économies réalisées au niveau du «rejet carbone»: «Aujourd'hui on considère parfois que l'utilisation des chevaux appartient au passé, mais est-ce que ce n'est pas l'énergie fossile qui est le passé, et +l'énergie cheval+ qui serait l'une des solutions alternatives du futur ?»

L'association Equiterra a mené une longue étude pour quantifier précisément les économies réalisées au niveau des rejets de carbone dans l'atmosphère.

Utiliser un cheval pour le ramassage d'ordures à la place d'un camion permet d'enregistrer un gain carbone de 35%. Un gain qui pourrait monter à 40% au niveau de la tonte des espaces verts, et même à 90% pour les activités de maraîchage selon Equiterra.

Des chiffres non négligeables dans un contexte marqué par le «Grenelle de l'environnement» et le projet de taxe carbone.

Passés les écueils du départ (convaincre les conseillers municipaux sceptiques, former les agents,...), les collectivités qui ont franchi le pas sont toutes enthousiastes. «On est même victimes de notre succès», s'étonne Edwige Franzetti, adjointe au maire de Maxéville, en banlieue de Nancy, où l'équibus scolaire a conquis enfants et parents.