La découverte de la coupe illégale de 12 hectares de forêt dans l'est de Laval relance le débat sur la protection des forêts dans la troisième ville du Québec. Des écologistes somment le maire sortant, Gilles Vaillancourt, et les partis de l'opposition de donner plus de mordant à la politique de protection des forêts adoptée en février.

Alerté par le Conseil régional de l'environnement (CRE) de Laval la semaine dernière, Québec a ordonné l'arrêt immédiat des coupes dans une forêt située entre une carrière et une cour de ferraille le long de la montée Masson. Des travailleurs ont toutefois eu le temps de raser 12 hectares de bois, dont 1,7 hectare de marécage. Au total, c'est l'équivalent de 25 terrains de football qui a été abattu.

Le Ministère a envoyé hier un avis d'infraction au propriétaire du terrain. Jean-Guy Hamelin, qui n'a pas rappelé La Presse, a jusqu'au 21 octobre pour produire un «plan des correctifs» aux autorités. Il s'expose aussi à des amendes.

La Ville de Laval, qui n'a jamais été mise au courant des travaux, compte également se mêler de l'affaire. La porte-parole du maire, Amélie Cliche, affirme que le propriétaire du bois devra payer une amende et qu'il pourrait être poursuivi en justice.

«Il ne nous a pas parlé, il ne nous a pas consultés, il n'a pas demandé de permis, rien», a-t-elle résumé. Un travailleur croisé sur les lieux de la coupe a indiqué à La Presse que la terre était surtout plantée de pommiers.

Le directeur du CRE, Guy Garand, estime que plus de 300 000 arbres peuplaient ce terrain boisé. La Ville a beau s'être engagée en février à investir 40 millions d'ici à 2020 pour protéger 9% de son territoire, dit-il, la politique de l'administration Vaillancourt ne fonctionne tout simplement pas.

«Les citoyens sont mûrs pour la protection des milieux naturels à Laval, mais les élus n'en ont que pour le développement économique», a-t-il dénoncé.

Les partis de l'opposition sont du même avis. Le chef du Parti au service des citoyens, Robert Bordeleau, s'engage à décréter un moratoire immédiat sur la construction dans les milieux humides et dans les forêts.

«M. Vaillancourt raconte depuis 20 ans qu'il ne donne la permission à personne de déboiser, mais depuis 20 ans, les milieux humides et les boisés n'ont cessé de disparaître», a-t-il raillé.

Le Mouvement lavallois promet aussi d'en faire davantage pour protéger les forêts. Son candidat dans Auteuil, Alexandre Foisy, estime que la Ville doit se doter au plus vite d'un plan d'urbanisme pour mettre fin au problème.

«On a une politique qui n'a pas de mordant», a-t-il affirmé.

Il est toutefois resté évasif sur les moyens concrets qu'il compte utiliser pour corriger la situation.

Le maire Gilles Vaillancourt dit s'opposer avec véhémence à la destruction des terrains boisés. Il promet de poursuivre la mise en oeuvre de sa politique de conservation.

«Durant le dernier mandat, nous avons acquis plus de 30 millions de pieds carrés de boisé, de berges et d'îles, a expliqué sa porte-parole, Amélie Cliche. Nous croyons que c'est le meilleur moyen de protection. Nous sommes présentement en négociations pour faire d'autres acquisitions.»