Le réchauffement climatique, l'expansion des zones agricoles, industrielles et urbaines, ainsi que la construction de barrages hydroélectriques mettent «en péril» les grandes rivières du Canada, a estimé jeudi le Fonds mondial pour la nature (WWF).

Bien que le Canada soit la première réserve d'eau douce de la planète, grâce à ses milliers de lacs, cours d'eaux et glaciers, cette situation pourrait changer, le pays n'étant pas à l'abri des défis environnementaux mondiaux, écrit WWF dans une étude intitulée «Péril dans les eaux canadiennes». Le rapport identifie trois grandes menaces: le changement climatique, la demande croissante en eau douce ainsi qu'en énergie produisant peu de CO2.

Le changement climatique modifie le rythme des précipitations, mais aussi celui des crues et des sécheresses, tandis que la demande d'énergie «propre» engendre la construction de centrales hydroélectriques qui modifient l'écoulement naturel des cours d'eau et leurs écosystèmes, souligne WWF.

«Les menaces conjuguées du changement climatique et de la demande croissante d'eau douce, venant des villes, de l'agriculture et de l'industrie convergent toutes vers les rivières du Canada», note dans le rapport Tony Maas, responsables des questions d'eau douce pour la branche canadienne de l'ONG.

«Alors que la température est en hausse et qu'augmentent le pompage des industries et l'intérêt pour l'énergie hydroélectrique», le pays devrait, selon lui, protéger «l'écoulement naturel des rivières afin d'assurer l'approvisionnement en eau des communautés et les économies qui en dépendent», notamment de nombreuses communautés amérindiennes isolées.

Le rapport de 30 pages passe au crible «l'état de santé» de dix grandes rivières canadiennes, du fleuve Saint-Laurent, dans l'est, au Fraser, dans l'ouest, en passant par le MacKenzie, qui prend sa source dans les Rocheuses et se jette dans l'océan Arctique.

L'ONG écologiste suggère notamment au gouvernement fédéral de faire du fleuve MacKenzie «une priorité nationale pour la conservation de l'eau douce». Ce fleuve «sauvage», l'un des plus grands du monde (1.738 km) et dont le bassin couvre 1,8 million de km2, est menacé notamment par la construction de centrales hydroélectriques alors qu'il joue un rôle primordial dans la régulation du climat et des flux océaniques.