L'Italie trône au sommet du palmarès mondial de l'eau en bouteille: chaque Italien en boit en moyenne 190 litres par année, un chiffre près de trois fois plus élevé qu'au Canada. Cette soif en fait une cible tentante pour les campagnes visant à remplacer l'eau en bouteille par celle du robinet, qui se multiplient au pays depuis que la Fédération canadienne des municipalités a adopté une résolution en ce sens, en mars dernier.

Cet automne, le cas d'Arezzo, une ville de la Toscane, est devenu le premier succès du domaine en Italie. La recette mérite qu'on s'y arrête, pour mieux comprendre les écueils qui guettent les villes interdisant l'achat d'eau en bouteille par leurs services, voire même la vente dans les machines distributrices des édifices municipaux.

Entre 2001 et 2008, la proportion des habitants d'Arezzo qui ne prennent jamais d'eau du robinet a chuté de moitié, de 80% à 46%. Le quart des habitants d'Arezzo en boivent très régulièrement. Le secret? Une intervention active d'une compagnie privée française qui gère en partenariat l'aqueduc local, Suez.

«Pour nous, ça ne change pas beaucoup les ventes», explique Jérôme Douziech, le directeur d'Acqua Nuova, la société en partenariat. «Le gros de la consommation provient des clients industriels et des autres usages domestiques. Mais convaincre les citoyens que l'eau du robinet n'est pas seulement potable, mais bonne au goût, améliore beaucoup l'image des partenariats de gestion d'aqueduc. Nous avons été le premier partenariat public-privé en Italie, et la pratique commence à s'implanter dans le Nord.» À Montréal, la perspective d'une implication de compagnies privées dans la gestion de l'aqueduc avait provoqué une levée de boucliers voilà quelques années.

Avant de se lancer dans le projet, Acqua Nuova a amélioré les «propriétés organoleptiques» -le goût- de l'eau de l'aqueduc. Première leçon: ce goût variant aussi d'une ville à l'autre au Québec, il y a peut-être un travail à faire de ce côté.

La première clientèle visée a été celle des écoles, où de l'eau en bouteille était servie à la cantine. «Nous avons dû vérifier chaque école pour nous assurer que le produit qui sortait des robinets était le même que nous livrions à l'entrée d'eau de l'école, dit M. Douziech. Certains réseaux de tuyauterie ont dû être modernisés. Il a fallu aussi trouver des procédures de service et de lavage pour nous assurer de la salubrité lors de la manutention des pichets d'eau sur les tables.»

Deuxième leçon: il faut bien évaluer les besoins des consommateurs pour que l'eau du robinet soit aussi pratique que les bouteilles. Les municipalités qui ont banni les bouteilles d'eau des machines distributrices installent généralement des fontaines à côté, pour que les usagers ne soient pas obligés d'acheter une boisson gazeuse, selon Joe Cressy, de l'Institut Polaris, qui a été chargé par la Fédération canadienne des municipalités de mesurer les impacts de la résolution sur l'eau en bouteille. Mais que font les gens qui veulent amener de quoi boire avec eux pour le match de hockey à l'aréna? «Il suffit d'avoir un distributeur de verres à côté de la fontaine, ou encore mieux d'encourager les gens à avoir une bouteille réutilisable en inox», dit M. Cressy. Le problème, c'est que Polaris n'a pas mesuré l'évolution des ventes des machines distributrices où l'eau a été bannie. On ne sait donc pas si les boissons gazeuses ont remplacé l'eau en bouteille.

La prochaine étape à Arezzo est de convaincre des restaurants «slow food» de vendre l'eau du robinet plutôt que l'eau en bouteille. Le «pane e coperto», des frais imposés à tous les clients des restaurants en Italie, deviendra «pane, coperto e aqua». « Si la marge bénéficiaire reste la même, les restaurateurs vendront de l'eau du robinet, dit l'ingénieur Douziech. Nous allons même installer des machines qui gazéifient l'eau du robinet dans ces restaurants.»

Troisième leçon: tenir compte des intérêts économiques en jeu. Dans les universités canadiennes, notamment McGill, le débat sur l'interdiction de l'eau en bouteille est généralement mêlé à l'opposition aux ententes assurant à une seule marque -Coke ou Pepsi, par exemple- l'approvisionnement de toutes les machines distributrices d'un campus. Si une université perd une source de revenus en abandonnant l'eau en bouteille, elle pourrait être moins disposée à prendre une telle mesure.

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72%

C'est la proportion des détaillants qui sont favorables à l'augmentation de la consigne à 10 cents par contenant, selon un sondage de Recy-Québec. Par contre, seulement 55% d'entre eux sont favorables à l'élargissement de la consigne.

 

 

 

 

 

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L'empreinte de Fido

Quelle est l'empreinte écologique de votre animal domestique? C'est la question que proposent deux architectes de l'Université Victoria, en Nouvelle-Zélande, dans leur livre Time to Eat the Dog: The real guide to sustainable living. Ils calculent qu'un chien de taille moyenne consomme chaque jour, dans ses 300 grammes de moulée sèche, 90 grammes de viande et 156 grammes de céréales. Soit une empreinte de 0,84 hectare, ou deux fois plus qu'un VUS Toyota Land Cruiser.

Source: The New Scientist

 

 

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